Le verset qui a motivé l’épisode
La sourate Al-Kahf renferme énormément de trésors. C’est vraiment la caverne aux trésors, cette sourate porte très bien son nom.
Si je t’ai parlé de la fitra en introduction, c’est que ça a un très grand rapport sur notre façon :
d’aborder le Coran, de l’appliquer, de le voir. La fitra , c’est cette base originelle, cette moralité intacte. Alors, où en sommes-nous réellement ?
Qu’est-ce que nous en faisons ? Est-ce qu’elle est vraiment intacte ? Est-ce qu’elle est comme elle devrait être ?
Avant même de plonger dans cette ayah on remarque que cette sourate commence par Alhamdulillah , comme Sourate Al-Fatiha. C’est alors comme un rappel en début de sourate.
Tu sais que cette ayah introduit finalement les informations qu’on a besoin de savoir au sujet :
d’Allah ﷻ, de nous-mêmes, du Coran, de notre mission. Pour cela, je te renvoie aux deux premiers épisodes, où l’on a vu à quel point c’était capital
🎙️ Episode 1 : Ton Coran, le début d’une grande amitié 🎙️ Episode 2 : Comment converser avec ton doux Créateur
Le fait que cette sourate débute par Al hamdulillah n’est pas anodin. En effet, le premier mot jamais entendu du Coran est Al hamd , avant même le nom d’Allah ﷻ. Ainsi, Il a voulu que la première leçon qu’on retienne, en plus de qui Il est, soit l’importance de cultiver Al hamd .
➡️ Pour en savoir plus sur la différence entre hamd et shukr : l’épisode sur Luqman
Ici, on parle de « Hamd « , qui contient à la fois la reconnaissance (ash-shukr) et l’éloge (al-madh) . C’est impressionnant parce que « Hamd » combine à la fois :
une action, une information, une émotion. On peut être reconnaissant envers quelqu’un sans pour autant faire son éloge, et inversement, louer quelqu’un sans qu’il ait nécessairement accompli quelque chose de particulier.
Quand on parle d’Allah ﷻ, la combinaison de reconnaissance et d’éloge prend une dimension unique.
Ces sourates qui commencent par al Hamd
Le fait que la sourate Al-Kahf commence par cette louange est significatif. En effet, cette sourate est d’une importance capitale, que l’on récite chaque vendredi. Elle s’ajoute à une série de sourates débutant par « Al-Hamd », comme sourate Al-Fatiha.
Il y a cinq sourates qui commencent par cette formule de louange. Je te laisse chercher lesquelles. De plus, si tu veux approfondir l’exercice, observe ce qui suit chaque mention de « Al-Hamd » dans le Coran. À chaque fois, il y a une information ou un angle différent.
Dans la sourate Al-Fatiha : ٱلْحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ ٱلْعَـٰلَمِينَ
Ce verset introduit une présentation d’Allah ﷻ, mettant en avant la gratitude que nous devons Lui manifester parce qu’Il est le Seigneur des mondes.
ٱلْحَمْدُ لِلَّهِ ٱلَّذِىٓ أَنزَلَ عَلَىٰ عَبْدِهِ ٱلْكِتَـٰبَ ٱلْكِتَـٰبَ وَلَمْ يَجْعَل لَّهُۥ عِوَجَاۜ
Deux informations sont données :
Allah ﷻ a fait descendre le Livre (le Coran) sur Son serviteur (RassoulAllah ﷺ), Il n’y a rien de tortueux dans ce Livre. Ces deux informations sont fondamentales et nous donnent des raisons pour lesquelles être reconnaissants.
Le Coran, destiné à tous
Le Coran est un miracle, une source de guidance qui traverse les générations et reste toujours aussi pertinente. C’est une des raisons pour lesquelles nous devons être reconnaissants envers Allah ﷻ. Le fait qu’il ait été révélé à Son serviteur, le Prophète Muhammad ﷺ, ajoute à cette reconnaissance. Décrire le Prophète ﷺ comme étant un ‘abd, Son “serviteur » est plutôt rare. Cela souligne qu’il est soumis à Allah ﷺ tout comme nous, renforçant l’idée que le Coran est destiné à tous.
Il y a beaucoup à dire sur le terme « serviteur » (’abd ) dans le Coran, mais cela nous prendrait beaucoup de temps. Toutefois, c’est une réflexion enrichissante qui mérite d’être approfondie. Je t’encourage à consulter les Tafsirs connus, comme ceux d’Ibn Kathir, As-Sa’adi, Al-Jalalayn, pour explorer le contexte de ces révélations et mieux comprendre leur signification.
La reconnaissance et le Coran
La révélation du Coran C’est la première chose pour laquelle nous devons être reconnaissants envers Allah ﷺ. Non seulement le Coran a été révélé, mais il a aussi été descendu sur Son serviteur, un être humain, ce qui est déjà en soi une grande bénédiction. Ensuite, il est important de comprendre que cette première gratitude est essentielle pour pouvoir pleinement saisir la deuxième raison pour laquelle nous devons être reconnaissants : le Coran lui-même.
La nature du Coran Sans la première source de reconnaissance, la deuxième n’a pas de sens. Cette deuxième raison est liée à la nature même du Coran : il est dépourvu de toute tortuosité. Le terme « tortuosité » fait référence à tout ce qui est déviant, courbé ou qui s’éloigne de la droiture. Ce point est fondamental à comprendre et à accepter.
Le Coran est descendu directement jusqu’à nous, alors que nous, en tant que simples serviteurs, sommes dans une position basse. Malgré notre humble statut, Allah ﷺ a fait descendre ce Livre sublime vers nous. Le Prophète ﷺ a comparé le Coran à une corde solide qui relie le ciel à la terre, ce qui illustre cette transmission divine.
Ainsi, il ne suffit pas de reconnaître que le Coran a été révélé. Il faut aussi être reconnaissant du fait que ce Livre est resté intact, sans aucune modification ni déviation. Le terme « عِوَجًا », de la racine ‘a- wa-ja, fait référence à l’idée de :
tourner la tête, dévier, renoncer à quelque chose suivre une trajectoire tortueuse. Le Coran, au contraire, est droit, et cela est l’une des raisons pour lesquelles il est un miracle.
Cette notion de droiture s’applique également à nous.
Comme le disait Luqman :
« Sois droit dans ta démarche »,
C’est-à-dire dans ta vie, dans tes actions, et ne t’écarte pas de la voie juste.
De la même manière, Allah ﷺ a appliqué cette droiture à Lui-même avant de nous la demander. Il a révélé un Livre qui n’a jamais dévié, contrairement à ce monde où tout semble changer et se corrompre avec le temps. Les hommes altèrent, falsifient, construisent, dévient, modifient, mais le Coran, lui, reste pur et inchangé.
Le trajet du Coran, depuis les cieux jusqu’à la Terre, est droit et clair. Et de la même manière, lorsqu’il pénètre dans nos cœurs, il doit suivre un chemin droit. Ensuite, quand nous partageons ce message, quand nous le récitons, il doit également être transmis de manière droite, claire et fidèle, vers le coeur des autres.
La fitra
La fitra est un ingrédient essentiel. Le Prophète ﷺ est catégorique : tout nouveau-né arrive dans ce monde avec cette fitra . Ce concept est vaste et difficile à traduire en quelques mots, mais on peut dire que la fitra est la moralité innée, intacte de l’être humain. En d’autres termes, c’est une disposition naturelle vers le bien , notamment la gratitude .
Une prédisposition innée Tout être humain, qu’il soit adulte ou enfant, comprend instinctivement la notion de remerciement. Même un enfant, qui ne peut pas encore parler, saura exprimer sa reconnaissance d’une manière ou d’une autre. Prenons l’exemple d’un bébé : sa mère le nourrit, l’habille, le lave. Le bébé, même s’il est incapable de prononcer un « merci », exprime cette gratitude dans son regard, dans ses gestes. Lorsqu’il gazouille ou s’agite joyeusement, c’est sa manière à lui de dire merci, de montrer qu’il est reconnaissant.
Cette réaction fait partie intégrante de la fitra . Ressentir de la reconnaissance, de la joie, même sans pouvoir l’exprimer verbalement, est naturel pour l’être humain. Chaque personne, même la plus mauvaise, éprouve un bien-être quand on lui fait du bien. Même si elle ne le montre pas, cette émotion existe en elle, et c’est ça, la fitra . C’est aussi ce qui pousse à ressentir du dégoût pour le mal, à rejeter instinctivement ce qui est mauvais.
Le rejet du mal Personne n’aime vraiment le mensonge. Je ne pense pas qu’il existe quelqu’un sur cette terre qui dise : « J’aime qu’on me mente » ou « J’apprécie quand on me trompe ». Cela n’existe tout simplement pas.
De la même manière, il y a un rejet instinctif de l’injustice. Peu importe qui nous sommes, si nous voyons une scène d’injustice, comme quelqu’un qui se fait voler, abuser ou humilier de manière injuste, cela nous affecte profondément, même si nous ne sommes pas directement impliqués. Cette douleur que l’on ressent face à l’injustice, c’est la fitra . Ce mal-être intérieur, avant même d’avoir réfléchi à une réaction, est une preuve de cette moralité innée.
L’apaisement du coeur De la même façon, il y a un amour naturel pour la générosité. C’est quelque chose que tout le monde apprécie, même si ce n’est pas forcément pour la pratiquer soi-même. Voir quelqu’un faire preuve de générosité, c’est beau, cela apaise le cœur. C’est également un aspect de la fitra .
De même, il existe une attraction naturelle pour la justice. Si nous détestons l’injustice, alors nous aimons la justice, l’entraide, et toutes ces valeurs font partie de la fitra. L’être humain naît avec ces qualités.
Des précautions à prendre pour garder sa moralité intacte
Il est important de comprendre que la fitra , bien qu’originelle, n’est pas immuable. Aujourd’hui, on peut dire que la nature d’être musulman est intimement liée à la fitra . Le hadith qui dit que tout nouveau-né naît musulman fait référence à cette moralité innée. Ainsi, la fitra, la religion et l’islam sont liés . Cependant, il existe des musulmans qui manquent de morale, qui sont déconnectés de leur fitra , et cela est vraiment préoccupant et dangereux.
Des qualités requises C’est un avertissement, et il est important de comprendre pourquoi. Retiens bien ce que je vais te dire : il faut une moralité intacte , une fitra bien protégée et bien entretenue pour bénéficier des sagesses du Coran. Une fitra solide est essentielle pour profiter pleinement des enseignements du Coran. C’est cette moralité intacte, cette fitra, qui nous permet d’exprimer de la gratitude et de l’humilité.
Il faut des qualités indispensables, telles que :
l’humilité, l’humanité, la gratitude, la patience, la bienveillance, la capacité de méditer sur sa vie et ses actions, se remettre en question. L’humilité inclut la reconnaissance de ses erreurs, et toutes ces qualités sont essentielles pour accéder aux sagesses du Coran. En fait, il n’est même pas nécessaire de chercher bien loin pour comprendre l’importance de ces qualités.
Être ce qu’Allah ﷻ aime Allah ﷻ le dit à plusieurs reprises : Il aime ceux qui sont endurants, ceux qui sont généreux, et ceux qui sont patients. Un déclic doit se déclencher dans ton esprit à chaque fois que tu tombes sur une ayah du Coran où il est dit
« Allah aime ceux qui »
اللَّهَ يُحِبُّ
C’est comme un radar qui s’allume pour enregistrer cette information. Qui sont ceux qu’Allah ﷻ aime et pourquoi ? Il les aime parce qu’ils sont en harmonie avec la fitra . Tu peux d’ailleurs faire une recherche sur un moteur de recherche pour répertorier toutes ces ayah qui commencent par « Allah aime ceux qui ». Cela te donnera une série d’exemples que tu pourras compiler pour mieux comprendre ce qu’Allah ﷻ aime.
Veiller à ne pas être ce qu’Il n’aime pas Ensuite, tu peux aussi faire une compilation de ce qu’Allah ﷻ n’aime pas. Par exemple, l’orgueil est un attribut qu’Allah ﷻ s’attribue exclusivement, et personne d’autre ne peut le revendiquer. Par contre, des qualités comme la générosité, la patience et l’endurance sont également des attributs d’Allah ﷻ, mais Il nous permet d’en bénéficier nous aussi.
En répertoriant tout cela, tu obtiendras les éléments qui constituent un musulman ayant préservé une fitra intacte et une moralité solide.
Une fitra universelle Il est possible d’être musulman tout en manquant de cette fitra. Lorsqu’on lit certains hadiths, on pourrait se dire qu’Allah ﷻ parle de chrétiens, de juifs, d’idolâtres et que l’on n’est pas concerné. Absolument pas. La fitra est un joyau précieux qu’il faut préserver. On associe souvent la fitra à l’enfance, à un nouveau-né, ce qui nous rappelle qu’un adulte doit toujours garder une part d’enfance en lui. C’est cette part d’enfance qui pousse à dire la vérité, à voir le positif et à privilégier le bien avant tout, sans tomber dans la naïveté.
Il y a des personnes qui, en toute situation, ne voient que le mal en premier. Puis, il faut éliminer plusieurs choses et cocher plusieurs cases avant de voir enfin le bien dans quelque chose.
Alors qu’un enfant, en général, voit le bien en premier. Il coche beaucoup de cases dans le positif avant que les adultes autour de lui ou des enfants plus âgés, souvent plus sceptiques, commencent à énumérer les points négatifs, mettant en lumière ce qui ne va pas.
Je ne vais pas trop m’étendre sur ce sujet, car je pense que tu as déjà beaucoup de réflexions à mener à ce propos. Cela dit, je serais ravie d’en discuter, que ce soit en commentaire, sur les réseaux sociaux , ou sous les vidéos YouTube , où il y a souvent beaucoup de retours. N’hésite pas, je pense que ce serait une belle occasion d’approfondir ces méditations.
Approcher le Coran avec une moralité intacte
Chercher le bien Il est important de s’approcher du Coran avec le cœur d’un chercheur d’or, c’est-à-dire d’un chercheur de bien, et non d’un critique. Un critique ne cherche pas à voir ce qui est beau ou bien. Il cherche simplement à démontrer que cette chose n’est pas aussi bien qu’elle pourrait le sembler. Un critique, dans son rôle, peut être constructif, par exemple un critique culinaire ou de film, qui évalue si une chose est bonne ou non.
Mais on ne peut pas aborder le Coran avec un esprit critique, car ce serait comme chercher à juger la parole divine.
Qu’Allah ﷻ nous en préserve et pardonne nos manquements vis-à-vis de cette parole majestueuse dont Il a eu la grandeur, la hikmah , la sagesse, la douceur, la bienveillance de nous mettre à disposition.
L’aborder sous un seul angle Le Coran est rempli de sagesse, de douceur, de bienveillance, et de grandeur, et nous ne mesurons pas toujours suffisamment sa valeur. Le Coran n’est pas un produit Amazon que l’on peut évaluer avec des étoiles ou des avis. Un de mes professeurs disait justement que le Coran n’a pas besoin de nos avis, même positifs, pour être ce qu’il est. Il est au-delà des jugements humains.
Le Coran est le best-seller de tous les temps, de tous les cœurs, de toutes les époques et de toutes les générations. Il est donc logique de ne pas approcher le Coran avec un regard critique. On ne peut l’aborder que sous un seul angle pour en tirer des bénéfices : celui du chercheur d’or, du chercheur de bien.
L’or pur, par définition, n’a pas de défaut. On ne critique pas l’or en disant qu’il est moche ou qu’il a des défauts. Il en va de même pour le Coran : il est une chose de valeur et ne mérite pas de critiques. Il est exempt de toute tortuosité, déviation ou ambiguïté. Le Coran est droit, tout comme la démarche que l’on doit adopter dans ce monde.
Avant de te laisser…
Je conclurai donc en disant que Allah ﷻ n’a pas dévié dans sa parole lorsqu’il l’a révélée.
Allah ﷻ n’a pas dévié dans ses agissements envers nous depuis la nuit des temps.
Ainsi, nous devons aussi rester droits et ne pas dévier, maintenir notre moral intact pour que notre vie ait un sens.
Qu’Allah ﷻ nous accorde de préserver cette fitra , cette moralité intacte, et de pouvoir la transmettre à nos enfants de manière pure. Ainsi, lorsque nous lirons ce hadith à travers les générations, nous pourrons dire que chaque nouveau-né naît sur la fitra et en tant que musulman, et c’est à ses parents de continuer à faire de lui un musulman , loin de nous l’idée de faire autrement.
Et si la relation parent/enfant est un sujet qui t’intéresse, cet article va certainement te plaire !