Votre Oustadha Zaynab applique enfin ses propres conseils et sera en congé du 8 juillet au 31 août. Pendant cette période, je prends le temps de me reposer pour revenir avec une meilleure énergie. Seules les demandes et les mails concernant la formation "Coran de ma vie" seront traités par mon équipe. À très bientôt, insha'ALLAH.

Comment apprendre correctement, à la lumière du Coran

Temps de lecture estimé : <1 min.

Souvent, nous pensons avoir tous les ingrédients pour un bon apprentissage. Un bon professeur, les bons outils, le bon cadre, le bon moment. Nous pensons à tout, sauf à la leçon fondamentale pour acquérir du savoir et de l’expérience. Dans ce nouvel article hors-série sur les pépites de la Sourate Al-Kahf, nous allons étudier le sujet de l’acquisition de la connaissance, l’expérience et l’importance de se mettre en condition. Nous allons ici évoquer le récit de Moussa avec ce serviteur d’Allah, connu sous le nom « Al Khidr », même si dans le Coran, Allah ne le nomme pas. Il parle de lui comme d’un serviteur à qui Allah a donné une grande science, sagesse et expérience. Moussa a connaissance de l’existence de cet homme et en toute humilité, il veut acquérir de la science auprès de lui. Aujourd’hui, nous allons donc voir leur conversation, leurs premiers mots échangés et les enseignements à en tirer, pour apprendre correctement, à la lumière du Coran.

Sommaire

Les versets qui ont inspiré cet article

Ils trouvèrent l’un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une grâce, de Notre part, et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Nous.

Moïse lui dit: «Puis-je te suivre, à la condition que tu m’apprennes de ce qu’on t’a appris concernant une bonne direction?»

[L’autre] dit: «Vraiment, tu ne pourras jamais être patient avec moi.

Comment endurerais-tu sur des choses que tu n’embrasses pas par ta connaissance?»

[Moïse] lui dit: «Si Allah veut, tu me trouveras patient; et je ne désobéirai à aucun de tes ordres».

«Si tu me suis, dit [l’autre,] ne m’interroge sur rien tant que je ne t’en aurai pas fait mention».

– Sourate Al Kahf — versets 65-70

On a tendance à lire vite ce passage, en allant rapidement aux trois petites histoires (le bateau, la mort de l’enfant, et la réparation du mur). Pourtant c’est très riche d’enseignements.

Quand Moussa entend que quelqu’un a acquis une science qu’il n’a pas, il veut le rencontrer. Il veut acquérir de cette science. Pourtant, il est prophète, il est censé être celui qui a le plus de science pour son époque. Il entame donc un long voyage pour arriver jusqu’à cet homme.

Puis, Moussa a une conversation avec cet homme. Celle-ci pose les bases.

Qui est Al-Khidr ?

Allah décrit cette personne comme étant « un serviteur parmi Nos serviteurs ». C’est donc ce qu’Allah veut que l’on retienne de lui. On n’a pas besoin de connaître son nom, son âge, etc. On se concentre uniquement sur la manière dont Allah a décrit cette personne.

Sa rahma

Allah va beaucoup se répéter en disant que c’est quelqu’un à qui l’On a donné de la rahma :

آتَيْنَاهُ رَحْمَةً مِّنْ عِندِنَا

La rahma est un amour expansif, rayonnant. C’est donc un élément important pour apprendre. Un amour pour apprendre et se rapprocher d’Allah .

Cette rahma vient donc forcément d’Allah , mais Il dit :

« On lui a donné de la rahma, de Notre part ».

Il se répète, comme pour dire que si tu as de la rahma, c’est que c’est Lui qui te l’a donnée.

Sa science

Puis, Allah parle de la science. La rahma précède donc la science, comme un prérequis. De même pour la science, Il dit :

« quelqu’un à qui nous avons enseigné une science émanant de Nous »

وَعَلَّمْنَاهُ مِن لَّدُنَّا عِلْمًا

Ici aussi, Allah se répète à nouveau avec le mot \’ilm – عِلْم.

Si l’on voulait comprendre que c’est Allah qui lui a enseigné cette science, on aurait pu se suffire de :

“et Nous lui avons enseigné”

mais Il complète :

«… une science émanant de Nous ».

C’est encore un rappel pour nous : chaque chose que l’on apprend, c’est parce qu’Allah nous l’a appris.

Au-dessus de toute personne qui connait, il y a quelqu’un qui connait mieux que lui. C’est à la fois un rappel pour Moussa, car si cette personne a cette science là c’est parce qu’on lui a donné et c’est cela qu’il est venu chercher. Aussi, c’est un rappel pour nous, pour tout type de science que l’on veut acquérir.

Al-Khidr et Moussa, le début de leur conversation

Moussa demande à suivre cet homme. Il demande la permission de l’accompagner. On voit donc la grande humilité de Moussa. C’est un prophète, avec toute sa prestance et sa place auprès d’Allah , mais il a l’humilité de quelqu’un qui ne connaît rien, qui veut apprendre.

Moussa lui demande s’il peut le suivre, si cet homme pourra supporter sa présence durant ses périples. On pourrait s’attendre à une acceptation, avec quelques précisions sur le déroulé. Cependant, la réponse de l’homme est assez frappante. En effet, la première phrase qu’il dit c’est :

« Tu n’auras pas de patience avec moi ».

Il met bien en avant que le manque de patience va être en grande partie dirigé vis-à-vis de sa personne. De plus, c’est une affirmation.

C’est donc là qu’est toute la leçon de l’apprenant : la patience.

Pour apprendre correctement : tout passe par la patience !

La patience, as-sabr. D’ailleurs, as-sabr, c’est plus que la patience.

Le statut de Moussa

إِنَّكَ لَن تَسْتَطِيعَ مَعِيَ صَبْرًا

Allah a parlé de sabr à la forme indéfinie.

« Tu n’auras pas de patience »

C’est-à-dire dans sa forme globale. Dans les ouvrages de tafsir, notamment ceux d’Ar-Râzî et Ibn Ashour, ils définissent ce manque de patience dont parle cet homme par le statut de Moussa.

En effet, c’est un prophète, il n’admet pas l’injustice. Il est là pour la combattre. Il est en train de dire que par son statut de prophète, face à une situation qu’il interprétera comme une injustice, il ne pourra pas patienter.

Ainsi, quand il parle à Moussa, il ne le blâme pas. Il le met face à une réalité. Nous, quand on entend cela, on doit avoir la même posture, ça nous met face à notre propre réalité. Et nous ne sommes pas Moussa, donc l’impatience nous parle à tous.

La patience

La racine ص ب ر – Sa-ba-ra signifie la patience, mais aussi la persévérance, la constance. C’est le fait de perdurer, d’être constant dans ce que l’on fait.

Lorsqu’on veut apprendre, il peut nous arriver d’être impatients. Je commence une leçon, je veux savoir quels seront les chapitres abordés, en combien de temps, etc. Ça peut être légitime, mais on est alors pressés, impatients.

La posture de l’enseignant

L’enseignant a sa propre personnalité et sa propre pédagogie. Deux enseignants n’enseignent pas de la même manière.

Aussi, quand un étudiant arrive vers un enseignant et que cet étudiant a déjà un bon bagage intellectuel dans la matière, c’est un challenge.

Comme il a des connaissances, il est plus difficile de lui enseigner. En effet, il va chercher absolument ce dont il manque. Il peut avoir du mal si on lui répète des informations qu’il connaît déjà. Il va vraiment chercher à compléter ce qu’il avait déjà et confronter les idées, débattre parfois. Si on lui donne une information qu’il avait déjà mais enseignée différemment mais sous un autre aspect, il va questionner, répondre, etc.

Apprendre correctement en suivant l’exemple de Moussa

Moussa est ce genre d’étudiant. Il est prophète, Allah lui a appris des choses et il a vécu. Donc, quand il va voir Al-Khidr, c’est très important de se dire qu’il ne part pas seulement avec une certaine posture, en se disant « je vais apprendre de lui et compléter avec ce que je sais déjà ». Non, il dit qu’il veut le suivre pour que l’homme lui enseigne ce qu’on lui a enseigné de la bonne voie. Quand il dit cela, il parle d’Allah .

Là, c’est très important pour nous aussi, que l’on soit un étudiant accompli dans la matière ou un débutant. Finalement, on doit venir dans le même état d’esprit. Je viens apprendre. Je ne viens pas dire « ça, je le sais déjà ».

Une des premières choses que je disais à mes élèves au début de l’année c’est :

« Celle qui vient dans ma classe avec dans la tête “je sais”, alors qu’elle s’en aille ».

En effet, si elle vient en disant « je sais », elle va perdre du temps et elle va me faire perdre du temps. Quelqu’un qui rentre dans une classe en se disant qu’il sait déjà, on est en droit de se demander ce qu’il fait là.

Moussa ne s’est pas présenté, il n’a pas fait valoir son statut. Il ne parlait que de l’enseignant :

Est-ce que je peux te suivre ? Tu me trouveras parmi les patients.

Il met le professeur en avant et il admet que c’est lui qui va l’évaluer. Toutes les tournures sont donc importantes. Aussi, il admet que ce n’est pas lui qui décide s’il va être patient ou pas. Il amène Allah au cœur du propos en disant « inshaAllah ».

Chaque mot a sa place. Chaque phrase nous enseigne des choses sur la personne. On comprend alors toute l’humilité de Moussa. Ce n’est pas pour rien qu’il était le prophète qu’il était. On en apprend aussi sur cet homme, mais aussi sur nous, comment on doit se positionner quand on enseigne.

L’importance d’avoir un bon professeur

Parfois, le discours de certains enseignants est indigeste. Toutes les informations ont été débitées, d’un coup, ou dans le mauvais ordre. Avec d’autres, c’est un plaisir de suivre. Lorsqu’ils commencent à parler, tu bois leurs paroles. Tout est clair, tu as confiance en cet enseignant. Ce qu’il amène est logique, c’est progressif. Il prend le temps de voir si tu as assimilé l’information. Il s’est adapté à ce que ses élèves peuvent entendre.

Un bon professeur, ce n’est donc pas quelqu’un qui déverse toutes ses connaissances en une ou deux séances. Il met beaucoup de temps dans sa préparation, à se demander quelle information il va amener en premier, puis dans quel ordre interviendront les suivantes, à quelle fréquence, etc. Chaque cours devant intervenir dans un ordre pertinent.

Tout cela, en gardant pour objectif ce qu’on souhaite pour l’étudiant. Ça donne beaucoup de travail. C’est pour cela qu’on ne peut pas être autodidacte pour tout dans la vie. L’information que tu trouves, c’est parce que quelqu’un l’a positionnée là. Tu n’es donc pas véritablement autodidacte à 100 %. Et avant tout, c’est Allah qui est notre enseignant.

Un bon élève, c’est celui qui suit l’itinéraire tracé, et au rythme donné, par un bon enseignant.

Patience et constance

Moussa ne sait pas où cet homme veut l’emmener, ni ce qu’ils vont faire. Il ne connaît pas le programme.

Comme nous l’avons vu, l’homme commence par lui dire qu’il n’aura pas de patience. Donc il commence par cela, la patience et la constance. On verra qu’au fil des différents arrêts qu’ils vont faire, Moussa ne désobéit pas mais il n’arrive pas à ne rien dire face à l’injustice. Il ne peut pas s’empêcher de suggérer quelque chose.

Normalement, un enseignant en qui on a confiance, même si l’on ne sait pas où il va nous emmener, on le suit quand même. En effet, on est venus chercher la science vers quelqu’un qu’on considérait comme fiable.

La connaissance par l’expérience

Moussa avait pleinement confiance en cet homme. La logique voulait qu’il le suive sans se poser de question. Et il ne s’arrête pas là, l’homme dit également :

وَكَيْفَ تَصْبِرُ عَلَى مَا لَمْ تُحِطْ بِهِ خُبْرًا
“Et comment est-ce que tu vas pouvoir patienter avec constance à propos de choses où tu n’as pas de connaissance ?”

Ici, c’est très important de voir le mot employé par Allah . En effet, c’est une très belle tournure. On a encore le mot sabr qui revient. Aussi, le mot employé pour le fait de parler de ne pas avoir de connaissance, c’est khoubra.

La différence entre khoubra et ‘ilm

De la racine خ ب ر – kha-ba-ra, qui nous rappelle le nom d’Allah : Al Khabîr. C’est la connaissance qui est obtenue par l’expérience. C’est quelqu’un qui est savant et qui a l’expérience de sa science.

Le mot ‘ilm, de la racine ع ل م — ‘a la ma, c’est le fait de savoir, c’est la science, d’être savant.

Tu peux avoir des diplômes, plein de connaissances, mais pas d’expérience. Et inversement. Là, il faut les deux. C’est pour cela que c’est le mot khoubra qui est employé.

Pour beaucoup de choses, Moussa a de la science, de la connaissance. Ici, ce qu’Al-Khidr lui explique, et donc ce qu’Allah lui donne comme apprentissage, c’est que c’est le temps de l’expérience. Ce n’est plus que de la théorie, c’est du concret. Et dans ces moments-là, ce n’est plus le temps de poser des questions pour savoir pourquoi on fait telle chose de cette manière.

C’est comme dans le domaine de la médecine, durant une opération importante. Si le chef demande de sectionner à tel endroit, ce n’est pas le moment de poser des questions sur les finalités de l’opération.

Al-Khidr lui dit de ne pas lui poser de question, tant qu’il ne lui aura pas expliqué de lui-même. Les questions/réponses, c’est donc à la fin !

Pour apprendre correctement, pas de place à l’impatience !

Aujourd’hui, les gens sont très impatients. On n’a pas fini de leur donner l’information qu’ils sont déjà en train de poser des questions. On n’écoute pas les gens, on surenchérit.

D’ailleurs, ça ne part pas forcément d’une mauvaise intention. Cependant, on ne laisse pas à la personne la possibilité de finir ce qu’elle est en train de nous expliquer, qu’on est déjà en train de poser une question.

Ça montre aussi l’enthousiasme, mais parfois il faut :

  • s’abstenir,
  • écouter,
  • regarder,
  • analyser,
  • avoir la patience d’attendre qu’on t’explique.

Même si ce sont des questions, celles-ci doivent être utiles. Comme pour l’exemple des jeunes de la Caverne, Allah le dit au Prophète ﷺ, qu’avec tout ce récit, certains vont dire qu’ils étaient 3, 4, 7, etc. Cet élément n’étant pas important, Allah va dire :

Allah sait mieux le nombre

Bien sûr, il faut se poser des questions. Allah nous y invite. Mais Il nous enseigne aussi comment le faire. Il faut que ce soit des questions pertinentes, qui nous font avancer, qui nous servent. Pas seulement des questions qui nous servent à satisfaire notre curiosité.

La connaissance globale

Connaissance et expérience

Ce qui nous est enseigné, c’est la patience et la constance dans l’acquisition des connaissances et de l’expérience. C’est vraiment le périple de Moussa, le voyage qu’il va entreprendre. Ce n’est pas de la connaissance pure et dure, ce n’est pas que du ‘ilm. C’est de l’expérience, le terrain. C’est ce que Moussa est venu chercher finalement.

On a défini de quelle connaissance Allah parlait à travers cet homme. Il emploie aussi un verbe intéressant : تُحِطْ . C’est vraiment le fait d’entourer, d’encercler. Comme pour dire à Moussa qu’il ne pourra pas patienter sur des choses dont il n’a pas une connaissance globale. Comment pourrait-il patienter sur quelque chose dont il n’a pas d’expérience, de vision globale ?

On voit donc que l’expérience est très importante quand on acquiert une science. Ça ne sert à rien d’emmagasiner de la connaissance si elle n’est pas utile. C’est pour cela que dans les invocations on demande la science utile. Il y a des sciences qui sont même délétères. Il y a des gens qui accumulent des connaissances qui vont leur être nocives car ils ne les appliquent pas. Quand ce n’est pas appliqué, ça va être employé pour surenchérir, dénigrer, faire des débats incessants.

En effet, certaines personnes parlent beaucoup mais n’agissent pas. C’est un comportement à bannir.

La science qui nous est demandée, c’est l’expérience, la pratique. Je mets en application les choses.

Ce qu’Allah attend de nous

J’aime beaucoup ce passage du Coran car il fait écho à ce qu’Allah attend de nous dans notre vie lorsqu’on lit le Coran et qu’on l’apprend. Il nous dit, d’une manière très subtile, qu’Il n’attend pas simplement de nous de lire le Coran et l’apprendre. Il nous demande de l’incarner, de l’expérimenter dans notre vie.

Al hamdouliLah on demande à Allah   de nous accorder la constance dans cela, la patience. On a bon espoir de pouvoir vivre une vie où on le fait.

À travers Coran de mon cœur, c’est mon intention. Pouvoir extrapoler tout ce qui est dit dans le Coran, à notre vie. Il n’y a pas besoin de réfléchir longtemps pour voir qu’il y a vraiment matière à appliquer. C’est de l’expérience pour nous. On a tous appris des choses, à l’école, au travail, avec nos parents, avec notre enseignant, on a tous été dans une situation où l’on devait apprendre quelque chose. Ou se trouver face à quelqu’un qui connaissait mieux que nous un domaine précis. C’est forcément arrivé. Comment on a réagi ? Est-ce qu’on en a tiré des bénéfices ?

Apprendre toute notre vie

Nous sommes des apprenants éternels, alors comment va-t-on se positionner ? Comment apprendre correctement ? Quand Allah veut m’enseigner quelque chose à travers des épreuves ou quelqu’un, comment j’en tire des bénéfices ?

Dans le récit, pendant tout ce temps, Moussa écoute attentivement. Il répond :

« Tu me trouveras inshaAllah endurant, constant »

Là, il émet une promesse où il admet qu’il est un être humain, qu’il est faillible, que la force, la puissance et la permission de quelque chose ne viennent que d’Allah . Il ajoute :

« Je ne désobéirai à aucun de tes ordres ».

Al-Khidr accepte que Moussa l’accompagne mais il pose une condition, en reprenant les termes de Moussa :

« Si tu me suis, ma condition c’est que tu ne m’interroges sur rien tant que je ne t’ai pas donné la réponse, l’explication ».
حَتَّى أُحْدِثَ لَكَ مِنْهُ ذِكْرًا

Il aurait pu dire « tant que je ne te dis pas » ou « tant que je ne t’enseigne pas » mais il a dit :

أُحْدِثَ — ouhditha

C’est un terme qui vient de la racine ح د ث — ha da tha, c’est le fait de raconter des choses qui se sont passées, des faits. C’est la même racine que le mot hadith.

Quand on dit أُحْدِثَ – ouhditha, ce sont des explications au compte-gouttes, fragmentées. Il ajoute مِنْهُ — minhu, pour bien expliquer à Moussa qu’il ne doit pas poser de questions. Ainsi, quand il donnera des informations, ce ne sera que ce qui est utile pour lui, il ne faudra pas rajouter de questions.

Moussa a déjà commencé à mettre en application sa propre promesse. En effet, une autre personne aurait pu dire :

« Vraiment, aucune question ? »

« et si je ne comprends pas, je ne peux pas demander ? »

Mais Moussa n’a pas surenchéri. Le voyage a commencé, il a donc mis en application.

L’interprétation hâtive

Il va quand même finir par poser des questions. Cela rejoint ce que cet homme disait : face à l’injustice, il allait avoir du mal à patienter.

Quand ils voyagent, ils arrivent devant un enfant. Cet homme tue l’enfant. Moussa l’interroge : comment il peut tuer un être innocent ! Oui, dans la vision commune, c’est horrible de tuer un enfant.

Cependant, il fait des choses sous le commandement d’Allah , avec la science, l’expérience, la patience et la constance qu’Allah lui a données. Ça nous enseigne qu’il ne faut pas interpréter les choses de prime abord. Il faut les prendre dans leur globalité. Tous les mots comptent :

  • la connaissance,
  • l’expérience,
  • la constance,
  • la patience,
  • le fait de voir les choses dans leur globalité.

On ne peut pas mettre en application tout cela quand on est pressé. Si l’on est impulsif, on n’a pas fait preuve de patience, on a pas expérimenté, on n’a pas vu la chose sous toutes ses coutures. La science ne rentre pas dans ces conditions-là. On pense avoir appris quelque chose alors que non. On perd les chances d’avoir compris.

Des épisodes du passé de Moussa

Moussa a vu une injustice, il a été directement vers cet homme en voulant l’écarter, il l’a frappé et ça a été un coup mortel. Il n’avait pas l’intention de le tuer mais il a agi vite.

Les jours suivants, il a encore plus regretté son geste car celui qu’il défendait était quelqu’un qui exagérait véritablement, qui jouait un rôle. Moussa, à ce moment-là, a regretté son « impulsivité ».

De la même façon, quand il est sous l’ombre d’un arbre à Madian, il voit une scène injuste et il va tout de suite demander à cette femme pourquoi elles sont en retrait puis il agit de suite. Moussa est donc dans l’action/réaction. Et ce n’est pas un défaut !

Cet homme savant a une telle expérience qu’Allah lui a enseignée, qu’il sait très bien, quand il dit à Moussa qu’il va avoir du mal à patienter. Mais il sait que face à l’injustice, il ne laisse rien passer.

Une leçon à mettre en application

Ce passage du Coran est donc la leçon la plus importante dans l’acquisition de la science, de la connaissance, de l’expérience. C’est as-sabr, dans toute sa splendeur.

As-sabr, la patience et la constance.

  • Quand j’apprends quelque chose, je dois patienter
  • Face à l’échec : je patiente.
  • Je veux apprendre quelque chose : je suis constant, régulier, je persévère.
  • En fonction dont l’information m’est amenée, dans le temps que l’information prend pour être assimilée, je patiente.
  • Je patiente vis-à-vis de moi-même.
  • Peut-être que je suis quelqu’un qui apprend plus lentement, ou plutôt visuelle, ou encore auditive.
  • J’ai besoin de faire des exercices, d’appliquer sur le terrain.
  • Vis-à-vis de ma constitution et de comment Allah a décidé que je fonctionnerai pour que cette connaissance s’installe en moi, je patiente et j’accepte le processus.
  • Je suis aussi patient dans l’application que je dois en faire, et là, c’est la constance qui va m’aider.

Vouloir avoir tout, tout de suite, ça ne fonctionne pas.

Pour les apprenants, c’est la régularité et la répétition de l’information dans le temps qui a ancré les informations.

La preuve, ça ne fonctionne pas souvent de délaisser les choses et emmagasiner à la dernière minute. Cela peut se faire en cas d’urgence sur une leçon grâce à la mémoire immédiate, mais je ne peux apprendre correctement des matières entières et espérer pouvoir restituer l’information efficacement le jour de l’examen. La constance paie. C’est pareil avec Allah . Notre examen final, on le connaît. Ce qui nous est demandé, c’est la constance dans notre vie. Petit à petit, acquérir un maximum d’équilibre, être constant dans le bien que l’on fait, rechercher la science auprès de personnes fiables. Et surtout, mettre en application l’expérience de tout ça.

Se libérer de nos chaînes

Dans cet article, on ne s’est donc pas concentrés sur le voyage mais sur l’introduction au voyage. Alors, quand toutes ces bases sont posées, la ayah suivante dit :

فَانطَلَقَا حَتَّى
Fântalaqâ hattâ
Alors les deux partirent

Le voyage peut commencer

Après qu’ils furent montés dans un bateau, les deux partirent, jusqu’à se trouver face à un garçon, etc.

A chaque fois, Allah répète فَانطَلَقَا حَتَّى — Fântalaqâ hattâ

D’après sa racine, c’est le fait de se mettre en route mais aussi d’être libéré. D’ailleurs, il a la même racine que le mot « divorce », car on se libère d’une relation. Ici, c’est le fait de se libérer, se mettre en route et s’épanouir.

C’est comme pour dire à Moussa que maintenant il s’est libéré des chaînes de l’impatience, de l’impulsivité, du manque de constance, etc. Maintenant qu’il a compris ce que voulait dire la patience, il va alors pouvoir s’épanouir dans son voyage.

Cela nous parle aussi beaucoup à nous. Une fois qu’on se sera défaits de toutes les chaînes que l’on s’impose, on pourra s’épanouir sur notre chemin de retour vers Allah et vers notre maison, dans la constance, la patience et l’obéissance.

Pour pouvoir œuvrer dans le chemin d’Allah on doit se défaire de ces chaînes que l’on a évoquées :

  • l’impulsivité,
  • l’impatience,
  • le fait de ne pas vouloir endurer et persévérer
  • l’orgueil

Ce sont des chaînes qui font que l’on pourra obéir à Allah , mais pas dans l’épanouissement, dans la liberté.

La liberté dans la servitude

Quand on est un serviteur d’Allah , on est libre. Quand je suis un esclave d’Allah , c’est l’état où je suis le plus libre. Une personne qui se défait de sa soumission vis-à-vis d’Allah , dans 100 % du temps, elle ne sent pas libre. Elle va se sentir emprisonnée d’une quelconque façon et elle va courir derrière un semblant de liberté. Qu’Allah nous en préserve.

En effet, l’être humain cherche la liberté, le bonheur, à pouvoir s’épanouir et ce n’est possible que dans le chemin d’Allah . Il nous aide à cela en nous défaisant de ces mauvaises chaînes pour pouvoir l’adorer dans l’épanouissement, l’équilibre, la constance, la patience, l’expérience.

Avant de te laisser…

Qu’Allah nous accorde cette patience constante, cette expérience de qualité dans Sa voie. Qu’Il fasse de nous des apprenants dignes qui aiment apprendre, qui veulent apprendre correctement, qui sont disposés à le faire et qui mettent en application, qui vivent ce qu’ils apprennent et qu’ils s’épanouissent dans ce qu’ils apprennent jusqu’à rencontrer Allah Yawm Al Qiyama, puis à la maison, le Paradis.

Merci d’avoir lu cet article. J’espère qu’il vous aura éclairé sur le fait d’apprendre correctement, à la lumière du Coran. N’hésites pas à me dire ce que tu en as pensé en commentaires, et je te laisse aussi découvrir les autres articles sur les trésors de la sourate al kahf.

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Mohammed

Masha’allah, continuez sur cette voie ! Baaraka’Allahou fikoum, qu’Allah vous préserve…

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