Qui dit relations humaines dit différends et conflits inévitables. Et qui dit problème, dit solution. J’aime croire qu’à tout problème, une ayah du Coran existe. Et le mariage ne déroge pas à la règle. Si l’on a appris à connaître les piliers enseignés par notre Coran, on comprend que l’origine des problèmes est la défaillance dans un de ces piliers. On recherche alors les solutions offertes par notre Coran et par notre Prophète Muhammad ﷺ. Aujourd’hui, nous allons parler des difficultés dans le mariage. Et pour en parler, j’ai eu l’honneur d’avoir comme invitée Firdaws, du compte Instagram @my_firdaws.
Les présentations
Qui es-tu Firdaws ? Peux-tu te présenter ?
As salam aleykoum wa rahmatullahi wa barakatuh
Je suis maman de trois jeunes adultes, et je suis formatrice à temps plein sur des thématiques autour de la connaissance de soi, des relations humaines. J’ai été, pendant plus de 10 ans, thérapeute pour les couples, les familles et en individuel. J’ai accueilli enfants, adolescents, adultes, que ces derniers soient célibataires, en couple ou séparés. Avant la thérapie, j’ai été enseignante pendant plus de 10 ans. C’est pourquoi je reviens toujours vers l’enseignement et la formation.
Je suis très contente de ta présence, car tu as plus d’expériences que la majorité d’entre nous. On demande à Allah qu’Il nous aide à dire que ce qu’il Lui plaît. Tu es ma première invitée et je voulais te poser une question. Quel est ton mot préféré dans ton Coran, et pourquoi ?
C’est une question difficile parce que j’en ai plusieurs ! Ma sourate préférée, c’est sourate ar Rahman et forcément il y a le mot Rahma qui vient. Pour moi, rahma vient avec mawadda. C’est un couple qui va bien ensemble.
C’est beau parce que tu associes les deux. Même si tu connais ce qu’Allah en dit, c’est difficile de les détacher. J’aime parler de Rahma et de Mawadda comme d’un traitement de fond. En effet, c’est indissociable. La mawadda, tel un gros shoot, et la rahma qui vient tapisser dans le temps.
Firdaws, aujourd’hui on va parler des problèmes dans le couple. Comment faire face aux difficultés ? Et pour cela, on va commencer par la ayah qui a motivé l’épisode du jour.
Les versets qui ont motivé l’épisode du jour
La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux.Mais (ce privilège) n’est donné qu’à ceux qui endurent et il n’est donné qu’à celui qui bénéficie d’une grâce immense.
– Sourate Fussilat, ayat 34-35
On pourrait penser que ça n’a rien à voir avec le mariage et le couple. Mais ces ayat-là englobent beaucoup plus de choses qu’un simple couple et que de simples relations humaines ! Elles parlent d’une qualité qui est nécessaire dans toutes les relations humaines : l’ihsan.
Pour parler de la bonne action, Allah ﷻ emploie le mot al hassanat.
On sait que l’ihsan, c’est l’excellence. En dessous de la perfection, qui n’appartient qu’à Allah ﷻ, il y a l’ihsan. Dans la majeure partie des choses qu’Allah ﷻ nous demande, Il nous demande l’excellence. Cette ayah ne parle pas du couple, mais de deux personnes qui sont en animosité. Pourtant Il demande de faire preuve de ihsan.
Allah ﷻ nous parle ensuite du dénouement et nous dit qu’il se peut que cette personne qui avait de l’animosité devienne un وَلِىٌّ حَمِيمٌۭ – walîoun hamîm . Le walî c’est le protecteur, et hamîm c’est celui qui est proche, intime. Allah ﷻ te demande de parler à cette personne comme si elle était l’ami le plus intime que tu aies.
C’est énorme, on parle de personnes ennemies ! Alors que dire dans un couple ? C’est pour cela que j’ai choisi cet exemple.
Des notions essentielles
Allah ﷻ dit que ceux qui ont ce privilège, ce sont ceux qui font preuve de صَبَرُ sabr et de حَظٍّ Hadh.
Sabr, c’est la patience, mais dans la constance. Hadh, c’est un privilège, une chance. Ici, quand on entend la chance, on peut se sentir exclus, mais non ! Allah ﷻ nous dit que du fait que l’on a été gratifié de « as sabr » et que tu es un « mou’min » (par rapport aux ayat précédentes), alors c’est ça « la chance », le privilège.
On a donc posé les bases. Cette ayah va nous aider pour la suite. On va aussi rappeler les piliers, les bases du couple, les mots-clés que l’on a évoqués dans les précédents épisodes :
- la sakina, cette paix, là où il fait bon vivre, où l’on se sent à l’aise
- la mawadda, c’est là où l’on parle d’intensité, de générosité, où l’on rentre dans la préciosité, dans ce dont il faut prendre soin, car c’est limité, et la nourrir à deux.
- la rahma, c’est l’étendue infinie, dans la générosité absolue, que l’on a de manière innée pour tout ce qui est sur Terre.
Alors, qui sont ces gens qui bénéficient de ces piliers ? C’est un homme qui est qawwâm. Il est qawwâm pour toutes les femmes de sa famille, et ce depuis toujours. En effet, il aura toujours une femme pour qui être qawwâm. C’est une qualité précieuse, qui t’est attribuée à toi seul.
⇒ Pour revoir la notion de qawwâm, je te laisse consulter l’épisode sur le rôle de l’homme dans le mariage.
Firdaws : La racine de ce terme rejoint aussi le nom d’Allah qui est Qayyoum. Qayyoum, c’est celui qui rassemble les miettes, quand tu te sens en miettes. C’est un très bel attribut d’Allah, par lequel je t’invite à L’appeler. Qawwâm vient donc de ce mot. Tu te rends compte que tu as une compétence, qu’Allah te donne, de réunir ce qui peut être brisé.
Un qawwâm permet à une femme d’exprimer sa qualité de saliha. Saliha, c’est celle qui répare. C’est magnifique.
Firdaws : Quand tu es qawwâm, tu réunis les miettes, et elle, elle t’aide à réparer. Quand c’est bien fait, tout se complète alors. Quand tu es qawwâm, elle est saliha. Elle devient fertile dans :
- sa gentillesse,
- sa bonté,
- sa présence,
- son soutien
- la baraka qu’elle peut mettre dans ton foyer,
- le sourire qu’elle met sur ton visage quand tu la retrouves,
- la piété,
- la douceur,
- l’élévation qu’elle offre à tes enfants chaque jour.
C’est très beau, car ça fait comme une boucle !
⇒ Pour retrouver la notion complète de saliha, c’est cet épisode qu’il faut consulter.
Firdaws : J’aime voir la mawada comme un coffre-fort dans lequel tu mets des économies de bonté, de gentillesse. Le stock, au fur et à mesure que tu l’utilises, s’épuise nécessaire. Mais si tu es qawwâm et que tu préserves et réunis à chaque fois qu’il y a des miettes qui s’effritent et qu’alors elle prend le relai de la réparation et consolide ce que tu fais en te soutenant, vous remplissez au fur et à mesure le stock de bonté, d’amour, et de générosité, du coffre « mawadda ».
J’ai donc parlé en long et en large des responsabilités des hommes et des femmes. C’est ce qui est attendu d’Allah, pas de l’un ou l’autre. Je ne suis pas qawwam parce que ma femme me le demande, mais parce que Allah me le dit. Elle n’est pas saliha pour mes beaux yeux seulement, mais en conséquence de, et parce qu’Allah lui a donné les dispositions pour l’être.
Firdaws, avant d’entrer dans les problèmes, peux-tu nous parler des besoins qui sont propres à l’homme, et ceux qui sont propres aux femmes ? On s’éloigne des droits, devoirs, des injonctions, et l’on va parler de ce dont on a besoin. C’est très agréable de savoir ce dont l’autre a besoin, pour pouvoir lui donner. Ça rentre dans la sakina. Parfois, c’est juste que l’on ne sait pas. On donne alors ce dont on a besoin soi-même.
Firdaws : Exactement, c’est une erreur fatale. Je vais illustrer le propos avec deux termes anglo-saxons : Home et House. Home, c’est le foyer, c’est la chaleur, là où l’on se sent en paix, là où l’on trouve le repos. C’est relié au plaisir. House, c’est la maison, les murs, les fondations certes, mais la connotation est différente.
On a besoin d’une « house », d’une maison, avec des murs et des fondations. Avoir un toit fait partie des besoins primaires. C’est le lieu où l’on dort, on se repose, on mange, etc. Cependant, une « house » n’est pas nécessairement « home ». Il y a des maisons où les murs sont froids, et d’autres qui sont chaleureuses. Ça n’a pas de rapport avec le nombre de mètres carrés, la décoration ou ce qu’on y mange. Ça a un rapport avec l’ambiance, la chaleur et les relations et les échanges qu’on y retrouve. Avec qui on est, et qu’on a hâte de retrouver ; ou qu’on n’a pas hâte de retrouver. Une fois qu’on a compris cette différence fondamentale entre house et home, il est important de comprendre comment transformer des murs froids en un foyer chaleureux.
Quels sont les besoins d’un homme ?
Les 5 besoins répertoriés par les hommes dans leurs relations conjugales sont :
-
Paix et tranquillité
-
Avoir une compagne de jeu
-
Satisfaction des besoins sexuels
-
Une conjointe attirante
-
La valorisation
Ces besoins sont répertoriés dans des sondages effectués auprès de milliers d’hommes. Nous allons les détailler et voir par la suite les besoins de la femme.
La paix et la tranquillité
C’est ce qui représente ce qui est recherché par l’écrasante majorité des hommes. Quand ils pensent à leur femme, les hommes ont besoin de se sentir en paix et en tranquillité de rentrer auprès d’elle. La manière d’accueillir, de recevoir, de lui parler, de lui répondre, de prendre des nouvelles, de prendre soin de lui, le rassure, le réconforte. Il est en paix parce qu’il a confiance. Il est tranquille parce qu’elle est son soutien.
Avoir une compagne de jeu
C’est un point qui n’a pas été répertorié chez les femmes. En revanche, il a été retrouvé dans une immense majorité du sondage chez les hommes. Une compagne de jeu, c’est la légèreté. C’est une relation dans laquelle on se sent bien, c’est doux, léger, agréable, accessible. On joue ensemble, on se prend la tête, on se vanne, on rigole. C’est une facette de la femme que seul le mari connait. Ce côté VIP, où seul lui vit cela avec elle, est très précieux. Il faut en prendre soin, et faire en sorte de le vivre tous les jours.
Ça me fait penser à une parole du Prophète ﷺ. Dans la définition qu’il donnait de la femme vertueuse, il disait :
« Lorsque son mari la regarde, il s’en réjouit (…) ».
(rapporté par Abû Dawûd et Nasa’î)
Firdaws : C’est très beau et très important de le vivre et le partager sous cette forme-là. C’est important en tant que thérapeute conjugale de le souligner. La difficulté qui va être relevée, c’est une sorte de « constipation relationnelle », pardonnez-moi pour le terme ! C’est lorsqu’on a du mal à se lâcher, à s’adonner l’un à l’autre. C’est important de faire intervenir cette légèreté, de l’installer, de la vivre, d’en prendre soin et de la privatiser. Ce n’est qu’à vous, c’est entre vous.
La satisfaction des besoins sexuels
On rejoint de manière implicite la compagne de jeu. On s’amuse, on se retrouve. J’ai besoin de m’apaiser auprès de toi et avec toi. Comment l’homme se sent apaisé dans ses besoins sexuels avec son épouse ?
Durant les accompagnements en conseil conjugal, j’ai pu observer que nombreuses sont les épouses qui pensent le vivre comme étant un devoir. Je trouve ça honorable, beau, et triste à la fois. C’est honorable, certes. Quand tu le fais en te disant que tu gagnes de hassanat en partageant ce moment avec ton époux, c’est honorable. C’est beau, parce que tu partages cela rien qu’avec lui.
C’est triste de le voir comme un devoir, car il peut parfois le vivre comme si tu étais absente, comme si c’était une tâche ménagère. À la fin, tu apprécies quand c’est propre, mais tu ne le fais pas forcément avec plaisir et avec joie. La satisfaction, c’est celle de la fin. Tu es fière de toi.
La différence dans cette relation conjugale, intime et sexuelle du couple, c’est que l’homme a besoin de partager de la joie, que la femme apprécie ce moment. Si c’est juste l’homme qui apprécie, dans son cerveau, physiologiquement, le message n’est pas validé comme étant acté. C’est comme si ça ne s’était pas réellement passé.
En effet, si l’homme n’a pas senti que sa femme prenait du plaisir autant que lui, et avec lui, elle a été uniquement mécanique. Chimiquement, dans le cerveau, il n’y a pas eu cette validation, cet « accusé-réception ». Il en a donc encore besoin, comme s’il manquait quelque chose. C’est important de comprendre et d’entendre ce point-là.
J’en parle de manière très approfondie dans un atelier entre sœurs autour de la sexualité, que j’ai développé sur ma plateforme, pour celles qui voudraient développer cela de manière saine et sereine, comprendre cet aspect de la relation charnelle.
Dans l’inconscient collectif, il y a souvent cette notion de devoir conjugal. On le retrouve d’ailleurs dans le christianisme ou même à la mairie. Je trouve cela triste d’amener cette relation, cette symbiose, cette harmonie, en mettant le terme de « devoir ».
Souvent, on me demande ce que sont les devoirs de l’homme et de la femme. Quand on pose cette question, c’est souvent que l’on est recherche d’argument pour « attaquer », au lieu d’être en recherche d’arguments pour apaiser. Je m’interdis alors de présenter des droits et des devoirs, mais davantage des points de rencontre, de paix, d’harmonie.
Une conjointe attirante
C’est dans sa manière de parler, dans son attitude, dans sa manière de se vêtir, de l’investir, de l’inviter. L’attirance c’est du charme, c’est un jeu. C’est aussi un pass VIP. En tant qu’épouse, je devrais avoir un dressing aussi important pour mon époux que pour le reste du temps. Mes tenues dédiées à lui et pour lui doivent être aussi conséquentes, voire plus, que le reste de mon temps.
Lorsque l’époux le voit de cette façon, alors sans même avoir des rapports très fréquents, il est nourri. Il se sent nourri cérébralement. Dans sa tête, il sait qu’elle est là pour lui, qu’elle fait ça rien que pour lui.
On pourrait même parler de « home » et de « house » dans la relation intime et conjugale. Je vous laisse découvrir les différentes façons de pouvoir développer cela dans votre relation conjugale.
La valorisation
La valorisation, c’est rappeler à son mari qu’il est un « bonhomme » et un bon homme pour nous. On revient alors à la magnifique définition de ce qu’est un homme qawwâm.
Si chaque jour l’homme ressent qu’il est le qawwâm de sa femme, qu’il brille dans ses yeux, plus l’effet va se multiplier. En le valorisant, le côté qawwâm s’amplifie, s’impose, s’installe fièrement. Il le fera alors avec honneur, bonheur et fierté, pour sa femme. Nuit et jour, du lundi au dimanche, il est son qawwâm.
Je me dis que ça peut se résumer avec cette ayah qui parle de cette proximité, et le fait que l’homme a besoin de sentir que sa femme est heureuse dans toutes ces facettes.
Elles sont un vêtement pour vous
L’ordre est important. Lorsqu’il s’agissait des responsabilités, Allah ﷻ a d’abord parlé de celles de l’homme. Mais quand Il a parlé de protection, Il a commencé par la femme. C’est elle qui sait mieux faire d’une maison un « home ». La femme assure les arrières de l’homme.
Il n’y a pas d’ordre particulier dans ces différents points. Ils s’emboîtent comme dans un cercle, c’est une boucle.
Quels sont les besoins de la femme ?
On retrouve là aussi 5 points essentiels :
-
La satisfaction de ses besoins affectifs
-
Un compagnon pour échanger
-
La sécurité
-
L’engagement
-
La fiabilité et l’honnêteté
La satisfaction de ses besoins affectifs
Ici, c’est différent des besoins sexuels. C’est prendre soin, écouter, voir sa fatigue, sa tristesse, sa demande, même quand ce n’est pas formulé.
C’est prendre le soin de la prendre dans les bras, lui caresser les cheveux, l’embrasser en dehors des moments intimes, sans aucun geste après, juste l’embrasser.
La satisfaction des besoins affectifs, c’est se sentir enveloppée par l’autre, sans donner de soi. Ainsi, je te garantis que les besoins sexuels seront plus que comblés parce que ses besoins affectifs seront comblés eux aussi.
Parce qu’elle se sent en sécurité et protégée avec toi, elle va aussi combler et prendre du plaisir à te retrouver en s’offrant à toi.
Un compagnon pour échanger
La femme a besoin d’avoir quelqu’un pour parler, discuter. C’est avoir une écoute attentive, parfois sans même répondre, de manière attentive et attentionnée. Quand elle a un compagnon pour échanger, elle devient alors la saliha, celle qui préserve les secrets, les difficultés, ses biens, les hauts et les bas. Pourquoi ? Parce qu’il est là pour écouter, elle n’a pas besoin d’aller en parler ailleurs.
Il est là, il écoute, il accuse réception, il acquiesce, il solutionne avec elle des problématiques de leur quotidien pour ramener et consolider l’harmonie dans leur relation conjugale.
La sécurité
Une épouse a besoin de se sentir en sécurité. Comment ? Avec un homme qawwam. Ce besoin de sécurité, c’est un besoin de lead. Mais aussi que ce soit l’homme qui amène la discussion, qu’il soit force de décision.
Il y a un slogan en anglais que j’aime beaucoup :
« I’m the boss and you’re the decision maker ».
Je te donne la décision puis j’ai tellement confiance en toi que je te laisse diriger. Alors, moi, femme et épouse, j’ai besoin que tu sois le boss.
Avec mes années d’expérience en thérapie conjugale, j’ai pu voir que lorsque la femme prend ce rôle, ça devient vite pesant. Elle n’en a pas envie, même si elle laissait penser l’inverse.
Elle n’a pas le choix, il faut bien que quelqu’un le fasse. Il ne peut pas y avoir de poste vacant.
Firdaws : Elle va prendre des décisions de boss par amour pour son mari, pour être son soutien. Ce n’est pas accueilli comme ça, mais c’est comme ça que je le reçois en thérapie.
On parle aussi de besoin de sécurité
-
affective,
-
intellectuelle
-
financière
La femme a besoin de savoir que l’homme se gère, qu’il se projette, et qu’il voit déjà loin devant elle, pour qu’elle puisse de son côté prendre soin de transformer la « house » en « home », l’éducation des enfants, etc. Ainsi, il y a de la douceur et de la légèreté. Comment veux-tu de la douceur et de la légèreté s’il est doit être un boss ?
L’engagement
L’homme s’engage auprès d’une femme, de ses parents, de sa famille, de ses qawwam (quand il y en a). Lorsqu’il n’y a pas de qawwam dans la vie d’une femme, l’engagement est tout de même pris, quoi qu’il en soit, devant le Maître des qawwâm, Allah ﷻ, Al Qayyoum.
Les engagements pris de prendre soin de sa femme, de l’accompagner, de réunir quand ça ne va pas, d’unir quand ça va moins, de consolider, d’assurer et assumer pour que la femme puisse être saliha, sa rahma et nourrir la mawadda, et faire vibrer la sakina dans notre home, dans notre famille et dans notre relation.
La fiabilité et l’honnêteté
Un conjoint fiable, c’est quelqu’un sur qui l’on peut compter tout le temps. Que ce soit la nuit, le jour, durant la maladie, quelle que soit la distance. J’ai vu de mes yeux des époux dont les métiers les amènent à voyager, mais même à des milliers de kilomètres, c’est eux qu’elles appellent et c’est eux qui gèrent à distance. Ils sont là.
L’honnêteté, c’est la transparence. La femme attend de son mari qu’il puisse être transparent, lui dire quand ça ne va, et quand ça ne va pas. Il a le droit aussi de flancher, d’avoir des difficultés, de rentrer à la maison et d’être vulnérable devant sa femme.
Auprès d’elle, l’homme peut vivre sa vulnérabilité. Il est en sécurité pour le faire. La femme est alors saliha.
Il est arrivé que des époux traversent des épreuves difficiles, et à ce moment-là, les femmes reprennent même le rôle du « qawwam par intérim », le temps qu’il faut, parce qu’ils ont été honnêtes et transparents. Tout cela consolide la confiance qu’il y a entre eux.
Encore une fois, il ne sont pas classés par priorité, ils sont tous placés sur un cercle, interdépendants les uns des autres. Mais tout cela n’est possible qu’avec un élément fondamental : la communication.
Si je ne parle pas, l’autre ne peut pas deviner. C’est valable dans les deux sens. La balle est dans le camp des deux.
Les 5 alarmes
Allah ﷻ a créé la femme avec des périodes différentes, parfois plus à fleur de peau, plus fatiguée, plus sensible, etc.
Hormonalement, l’homme est stable. Pour autant, ça peut être dur à porter et les femmes le savent. En tant que femmes, on reste admiratives devant cette sensibilité masculine. Rappelons-nous comme le Prophète ﷺ est retourné se blottir auprès de son épouse après la première révélation de Jibril. Il tremblait, il avait peur… Et elle ? Elle a eu des paroles rassurantes et lui a rappelé tout ce qu’il faisait.
Je vous propose un petit exercice : mettez 5 alarmes dans votre téléphone. Ce sont des alarmes que vous garderez à vie dans votre téléphone.
Mesdames, vous aurez une alarme :
-
Paix et tranquillité
-
Compagne de jeu
-
Satisfaction des besoins sexuels
-
Conjointe attirante
-
Valorisation
Tu choisis une alarme par jour, et ainsi, chaque jour tu vas prêter attention à chacun de ces points. Au début, on apprend. Celui qui se dit « j’ai appris » arrête d’apprendre. Il faut apprendre toute notre vie. L’âge n’est pas le même, les situations et les difficultés ne seront pas les mêmes.
À chaque fois que l’alarme retentit, tu prendras le temps de lui faire un mémo vocal ou tu lui envoies un message et la cerise sur le gâteau, c’est lui faire vivre cela quand il rentre.
Messieurs, vous aurez aussi 5 alarmes :
-
Besoins affectifs, que tu peux appeler plutôt » câlin, bisou (sans rien après !) »
-
Écoute active, sans faire autre chose à côté.
-
Sécurité : pour la rassurer, lui dire ce que je ne lui ai pas dit sur un projet, sur ce que je pense d’elle, sur comment je l’admire sur l’éducation des enfants, etc.
-
L’engagement : rappelle-lui que tu seras toujours là, dans les faits, dans les dires, dans les mots, dans la présence comme dans la distance.
-
Fiabilité et honnêteté, elle peut aussi s’appeler transparence. Dis-lui quand ça va, quand ça ne va pas. La vérité tout simplement. Dis-lui même quand tu vas arriver en retard, ça la rassure.
Concernant le besoin de sécurité, un jour, le Prophète ﷺ a noué une corde et a dit à Aicha que leur amour était comme ce nœud. Et il a serré fort le nœud, pour qu’il soit très solide. Durant toute sa vie conjugale, Aïcha avait comme réflexe de lui poser la question « il est comment le nœud ? » C’était son besoin de sécurité, de se sentir rassurée sur la qualité et l’intensité de son amour. Il lui disait à chaque fois ‘il est encore plus fort, il est aussi serré, noué, qu’au départ, voire plus encore.
Ce besoin de sécurité, on le retrouve même chez nos mères. Le Prophète ﷺ nous apprend à le faire et elle, elle nous apprend aussi qu’elle a posé la question. Alors messieurs, ne soyez pas « soulé ». Ça fait énormément de bien.
C’est magnifique. Tout cela gravite autour des mots-clés de notre Coran. Il a posé les piliers, Allah ﷻ ne rentre pas dans certains détails volontairement. Il a donné les gros piliers, car si cela n’est pas présent, le reste ne suivra pas. Mais en fonction des époques, des cultures et des conjoints, les besoins sont différents. Il n’était donc pas nécessaire de donner trop de détails. Il permet donc aux gens d’avoir un champ vaste, une liberté en les sécurisant. Allah ﷻ est sécurisant envers nous, Il balise, et à l’intérieur, vous faites ce que vous voulez. L’humain n’aime pas l’infini, il a un besoin de délimitations.
Alors, maintenant, on va parler des problèmes.
Les difficultés dans le mariage
Firdaws : En fait, on a évoqué les problèmes à travers les solutions.
Voilà, même Allah ﷻ dans son Coran, va parler des problèmes en évoquant les solutions, les résultats et les conséquences.
Alors Firdaws, s’il n’y a pas, ou s’il n’y a plus, de sakina chez moi, je fais quoi ? Si je me suis engagée dans un mariage sans me poser ces questions, qu’est ce que je fais ? J’ai certes posé des questions, j’ai fait des investigations, mais je me rends compte que je ne me suis pas focalisée sur cela. Aujourd’hui, on est mariés, il y a des hauts et des bas, comme chez tout le monde… Mais est-ce que c’est trop tard pour rétablir ma sakina, ou la redéfinir, l’expliquer à l’autre ? Et si les problèmes que l’on a sont trop profonds, et l’on se rend compte que ces piliers ne matchent pas, aussi bien chez lui que chez moi ?
Firdaws : dans un premier temps, j’aimerais rappeler que rien n’est jamais trop tard. Il est toujours possible de réparer lorsque les deux s’investissent, de manière honnête et à temps plein dans la réparation. C’est la condition.
Encore une fois, je pense fort aux sœurs qui n’ont pas de qawwam dans leur famille, je demande à Allah ﷻ que le Prophète ﷺ soit leur qawwâm auprès d’elles au Paradis. Amine ya Rabb.
Pour se sentir reine, j’ai besoin d’un roi. Alors, pour toutes les filles, le premier roi c’est le papa. Le premier qawwâm, c’est lui. Le papa transmet cette couronne à l’époux auquel il confie sa fille.
Lorsque je ne suis pas qawwâm, je ne suis pas roi, alors ma femme ne peut pas être reine.
Il y a, dans la création des humains, des fonctionnements différents, des types de personnalités différents, et des typologies différentes. Malheureusement, oui, on peut cohabiter, travailler, communiquer, de manière intermittente, avec des gens qui sont très respectueux, mais on les voit de manière ponctuelle. C’est gérable, alors vous faites l’effort. Ça peut être un voisin, un collègue, un ami de la famille, etc.
Par contre, lorsque ça devient le conjoint ou la conjointe de vie, c’est compliqué de faire des efforts tous les jours. On doit faire des efforts dans une relation conjugale. Cependant, les faire du lundi au dimanche et du matin au soir, c’est épuisant. Ce n’est pas vivable. Il y a des combinaisons, des couples, des relations, dans lesquelles les deux partenaires sont, tous les deux de manière isolés, des gens très bien. Ils peuvent être bons, gentils, pieux, respectueux, isolés l’un de l’autre, mais ensemble, ça ne fonctionne pas.
Il y a des gens que vous pouvez respecter, mais pour autant vous ne vous projetez pas avec eux.
En fonction d’éléments comme votre jeune âge, le manque de maturité, un manque de connaissances, vous allez vous engager dans un projet, dans un mariage, alors qu’il manquait peut-être des éléments. Alors oui, vous y avez mis du vôtre, vous avez investi le maximum de vos efforts. Au niveau de la mawadda, elle est consommée. L’amour est consumé, la bougie n’existe plus.
Il reste alors la rahma, la miséricorde. Textuellement, miséricorde signifie avoir de la corde pour la misère. En latin :
- corde c’est cœur,
- misère c’est quelqu’un qui nous fait de la peine.
La personne en face finit par te faire pitié, elle te fait parfois de la peine. On ne reste pas en couple par pitié ou par peine. On est en couple par amour, parce qu’on apprécie et qu’on partage plus de moments plaisants que de moments déplaisants.
On va reprendre la règle « 5 compliments pour un reproche ». C’est important que la personne à qui l’on fait un reproche ait entendu au moins 5 fois des compliments de notre bouche, dans un délai proche. On ne peut pas faire 5 reproches pour un compliment. La balance est disproportionnée. Le compliment ne sera même pas accueilli, il sera rejeté.
Avant de s’éteindre …
On me rapporte souvent des cas de couples où le conjoint parle mal à l’autre. Mais parler mal, ça abîme la relation. De même que faire plus de reproches que de compliments abîme aussi la relation. Faire plus d’efforts qu’être nourri dans la relation. Ça épuise, c’est fatigant. À force, on s’éteint, on n’est plus productive, on n’arrive plus à s’occuper de la maison ou des enfants.
Avant de s’éteindre, il faut d’abord prendre conscience que ta responsabilité première, c’est de retrouver Allah ﷻ en forme, dans la piété, et préserver cette piété. C’est continuer à L’adorer, à sourire, continuer à apprécier cette vie et Le remercier pour te l’avoir accordé…
Quand tu t’éteins dans cette vie, tu n’es plus dans la gratitude. Tu n’apprécies plus, elle n’a plus de goût. Combien de messages je reçois chaque jour me disant :
« J’aimerais qu’Allah ﷻ me retire la vie »
« j’aimerais ne pas me réveiller de ma nuit »…
D’en arriver à penser cela, c’est de l’ingratitude vis-à-vis d’Allah ﷻ, et je vous demande d’éviter chacun d’en arriver à ça. La vie est gouteuse, elle est délicieuse. Le Prophète ﷺ nous en parle, à tel point qu’on sait ce qu’il aimait, comment il jouissait, on sait tout. On est invités à apprécier la vie, c’est un chemin, un pont que l’on doit traverser avec le moins de casse possible, dans de bonnes conditions. Si vraiment ça ne matche pas, on ne s’entretue pas, on se sépare dans la rahma. quoi qu’il arrive, vous restez des frères et sœurs devant Allah ﷻ. Vous n’êtes pas des ennemis, vous avez partagé une vie ensemble, quelle que soit la durée. On se sépare proprement, dignement, en préservant son honneur de part et d’autre. Son honneur dans l’engagement, dans ce qui a été dit, ce qui a été fait, et ce que l’on doit défaire dans les règles qu’Allah ﷻ nous a invité à suivre. Comme dans le mariage, dans le divorce on a des règles.
Ça pourrait même faire l’objet d’un autre épisode. Entendre parler de divorce n’est jamais agréable. Personne n’a envie de divorcer, de se séparer. C’est une possibilité qui a été offerte par Allah ﷻ. Il en parle dans Son Coran. D’ailleurs, il y a plus de versets qui parlent du divorce que ceux qui parlent du mariage. C’est tellement quelque chose de compliqué quand la relation ne va pas bien. Il y a tellement de paramètres en jeu. Ce n’est pas quelque chose dont on fait l’apologie, mais cette possibilité existe.
Quand ça ne va pas dans le mariage, entre un époux qawwâm et une femme saliha
Dans le Coran, il y a un exemple dont les deux sont des personnes pieuses. Un vrai qawwâm et une vraie saliha : Zayd et Zaynab.
Zayd, qui était le fils adoptif du Prophète ﷺ, et Zaynab, qui a été plus tard l’épouse du Prophète ﷺ. C’était un mariage entre deux très bonnes personnes. On ne peut même pas se comparer à eux, et on ne peut parler d’eux qu’en bien.
Pourtant, ils ne se sont pas entendus, ça allait même vers le déchirement. Il y avait incompatibilité. Peut-être que ça venait de la classe sociale, de leurs personnalités… Il y avait plusieurs paramètres. Ils ont essayé jusqu’au bout, ils ont tout essayé. Le Prophète ﷺ a tout essayé pour les maintenir ensemble.
Il disait à Zayd de rester avec elle. Allah ﷻ avait décidé de les séparer et que le Prophète ﷺ allait épouser Zaynab et Zayd aurait une autre femme
« et si malgré tout ces époux décident de se séparer, Allah ﷻ donnera le rizq à chacun des deux époux ».
Quand ça ne va pas, restez musulmans, restez qawwâm et saliha. Ça nous offre une perspective. On est obligés d’en parler. On est dans une communauté où la moitié des mariages finissent en divorce. Et émotionnellement, beaucoup sont divorcés, même s’ils restent mariés sur les papiers.
Il y a des mariages qui ne fonctionnent pas, car les deux sont des gens biens, qawwâm et saliha, mais il y a eu un problème de sakina.
Zaynab ne trouvait plus sa sakina. Zayd ne trouvait plus de sakina. Les deux l’ont retrouvé : elle auprès du Messager d’Allah ﷺ, et lui aussi, a eu une merveilleuse épouse, avec des enfants qui sont connus dans les chaines de transmission de ahadith. Ils ont été heureux, il y avait donc une issue, et quelle belle issue ! C’est la combinaison qui nous montre que même si ce sont de bonnes personnes, s’il y a un pilier qui ne va pas, ça peut collapser.
Quand seule la femme est saliha
Il y a aussi le cas, où l’époux n’est pas qawwâm, ou ne l’est plus, mais il est avec une épouse saliha.
Dans le Coran, on a ces exemples-là. On a Assya, qui est l’une des 4 meilleures femmes élues par Allah ﷻ. Elle était saliha, et elle était mariée au plus grand tyran de la Terre, Pharaon. Elle est restée mariée à cet homme, elle était en souffrance psychologique. Ce qui l’a aidé à tenir, c’est sa foi en Allah ﷻ et la présence de Moussa. Puis, c’est la mort qui l’a libérée.
⇒ Découvrir le récit d’Assia dans le Coran
Firdaws : Alors, attention de ne pas en arriver à mourir. Comme on l’a dit, ne vous éteignez pas !
Zaynab : Exactement, son exemple a été érigé parce qu’il y avait beaucoup de paramètres à expliquer. En récompense, on sait qu’au Paradis elle sera l’épouse du Prophète ﷺ et elle finira par l’avoir son époux qawwâm.
Quand seul l’époux est qawwâm
Il y a aussi le cas de femmes qui ne sont pas du tout saliha, et qui sont avec des époux qawwâm. On pense notamment aux épouses de Nouh et Loth. Au-delà d’être des femmes pas fiables, elles avaient une tare au niveau d’une des caractéristiques qu’Allah ﷻ a citées, à savoir « hafidath ».
Elles ont rendu la tâche de ces Prophètes difficile, car elles divulguaient les secrets. Elles allaient voir les autres mécréants, et leur racontaient ce que leurs époux faisaient, qui ils recevaient, etc. Elles mettaient en péril cette notion de sécurité que ces prophètes pouvaient ressentir auprès d’elles.
Qu’est-ce qu’il s’est passé alors ? Allah ﷻ les a Lui-même séparés de ces femmes-là en les faisant périr, avec le châtiment des autres. Là aussi, la libération c’est la mort.
C’est comme pour dire que si vous vous entêtez à ne pas vouloir rechercher la sakina, appliquer al qawwama, et le fait d’être saliha, vous courrez à une perte. Une perte matérielle, physique, émotionnelle. Ça peut être tout en même temps.
Le but du mariage, dans la recherche de sakina, c’est d’ériger des sociétés stables, des enfants stables. On l’a vu dans la ayah qui parle de ça, Allah ﷻ nous a établi pour que l’on ait la sakina entre nous. Il nous a offert mawadda et rahma. Il en parle dans une sourate qui parle de la guerre, du crime ! Et il parle du mariage au milieu de ça. C’est comme pour dire que l’issue d’un mariage où l’on fait n’importe quoi, c’est comme si l’on était en train de doucement laisser la guerre s’installer dans le monde.
Quand un des deux époux n’assume plus son rôle
En résumé, quand un ou une époux(se) n’assume plus son rôle, qu’est-ce que je fais ?
Firdaws : Malheureusement, dans ce cas, on est obligés de sortir de la préservation du secret. C’est un point de non-retour, alors il est temps d’en parler. Si c’est pour la sœur, elle en parle à ses tuteurs, de consulter en thérapie, de te rapprocher d’une amie proche qui est saliha, une écoute attentive et te permettre de te détacher émotionnellement dans un premier temps, avant de prendre une décision active. Ne faites rien de manière hâtive. Prenez ce temps, laissez des semaines, parlez-en à des gens proches sages.
Le divorce est une des questions de jurisprudence les plus complexes, les plus détaillées. D’ailleurs, vous verrez que les imams et ceux qui reçoivent ces questions n’acceptent jamais de répondre à ces questions par email ou par téléphone. Il faut les deux parties. Il faut écouter les deux et avoir l’intelligence émotionnelle en écoutant les deux. Un imam c’est un homme, alors il ne faut pas qu’il écoute la femme avec ses oreilles d’homme. Il faut qu’il puisse lui-même être conseillé par les femmes de sa famille, qu’il ait une épouse, une mère ou une sœur, pour pouvoir mettre les lunettes de cette femme là. Ainsi, il pourra faire comprendre à l’époux ce que sa femme essaye de dire à travers telle phrase. Il faut quelqu’un d’aguerri.
Firdaws : Quand on arrive à ce stade-là, c’est un peu tard pour réparer. Il y a des blessures qui sont ancrées. C’est très difficile de cicatriser. Avec le temps ça le fera, mais malheureusement pas avec la présence de la personne. Parfois, une coupure peut faire un grand bien et réconcilier. Mais parfois, la coupure peut confirmer que la séparation est nécessaire. Ainsi, quand on ne se manque plus, quand on se sent mieux sans l’autre, quand on se sent apaisé(e) sans l’autre, alors on arrête de se faire souffrir.
La vie conjugale, les rapports sexuels, les partages, la manière d’honorer l’autre sont des choses récompensées. Mais quand on en arrive à les faire avec exaspération, c’est terminé. Tu le fais contre toi, malgré toi, tu t’en plains, tu rumines, alors stop.
L’intention n’est plus là.
Firdaws : Il n’y a plus l’intention, donc il n’y a plus la récompense associée.
Et ça, c’est quand c’est extrême, ça dessine une fin. Pourtant, il y a des situations qui peuvent se réparer. On est obligés d’externaliser et d’extérioriser. Dans le Coran, Allah ﷻ dit :
فَٱبْعَثُوا۟ حَكَمًا مِّنْ أَهْلِهِۦ وَحَكَمًا مِّنْ أَهْلِهَآ
Sourate 4 — verset 35
il faut quelqu’un qui la connaisse bien elle, de sa famille, de ses proches. De la même façon, pour lui, Allah ﷻ dit :
إِن يُرِيدَآ إِصْلَٰحًا يُوَفِّقِ ٱللَّهُ بَيْنَهُمَآ
Sourate 4 — verset 35
S’ils veulent vraiment réparer les choses, il faut que les deux le veuillent. Il faut donc qu’ils s’investissent tous les deux, qu’ils se remettent en question tous les deux. Si la faute est toujours rejetée sur l’autre, ça ne va pas.
Firdaws : et, quelle que soit la personne qui renvoie la faute à l’autre, c’est pareil. S’il n’y a aucun changement dans l’attitude, tous les efforts sont vains. Il faut, de part et d’autre, et d’intensité équivalente :
-
une réelle remise en question
-
de l’honnêteté
-
de la transparence
-
de l’investissement.
Souvent, dans ces moments-là, il n’y a déjà plus d’énergie alors que c’est le moment où l’on en a le plus besoin.
La culpabilité
Très souvent, lorsqu’il y a divorcé et que tu es un qawwam ou une saliha, il y a nécessairement de la culpabilité qui est associée. Les gens honnêtes vont avoir des regrets, se demander ce qu’ils ont mal fait, etc.
Non, c’était écrit, Allah ﷻ l’a destiné, Il l’a écrit pour Zayd et Zaynab, et Il l’a écrit pour bon nombre d’entre nous. Al hamdouliLah, vous avez parcouru un chemin de vie ensemble. Vous avez appris et tiré des leçons, c’est le plus important, afin de ne plus les reproduire et s’améliorer pour votre prochaine relation conjugale bi idhnilLah que je vous souhaite de tout mon cœur.
Vraiment, déculpabiliser, car ça ne mène à rien. elle vous fait mal, elle vous amène vers la rumination, le waswas, le khanas c’est la rumination satanique qui rend malade.
Tu te sépares parce que tu as envie de paix, de respirer, de retrouver ta foi, de retrouver ta joie de vivre et retrouver un compagnon de vie. Les regrets sont utiles, car ils permettent de faire différemment la fois prochaine, mais la culpabilité est stérile. Nul besoin de se rendre malade.
Tout à fait, et quand Allah ﷻ parle de ce sujet si complexe de cette séparation dans le Coran, Il oriente les choses en termes de solutions. Il parle des points très importants :
- les enfants,
- une grossesse en cours,
- un allaitement.
Il balise les choses urgentes. Pour le reste, Il nous oriente pour les solutions pour après. Il y a un lendemain. De plus, Il appelle les gens à se remettre en question.
Quand on regarde dans la sunna, il n’ya qu’Aïsha qui n’avait jamais été mariée. Toutes ses épouses avaient déjà été mariées. Soit elles ont divorcé, soit elles ont été veuves, ou encore les deux comme pour Khadija. Des personnes qui se sont séparées ne sont donc pas moins bonnes, qu’elles aient des enfants ou non.
J’avais entendu un savant expliquer que parfois Allah ﷻ fait passer la personne par ce mariage qui n’a « pas fonctionné », mais comme il y a un bien dans tout, ce mariage a permis à la personne de définir ce qu’était sa sakina. Ce sera les bases d’un futur mariage qui se passera bien inshaAllah.
Il faut accepter, ne pas culpabiliser toute la vie, car c’est comme si l’on reprochait à Allah ﷻ de nous avoir fait vivre ça.
Firdaws : C’est très important ce que tu dis, car ce sont des raisons que seul Allah connaît. Ne cherchez pas à deviner ce que vous ne saurez peut-être jamais. Ici, il s’agit simplement de tirer des apprentissages pour faire mieux.
Encore une fois, quand on veut que ça fonctionne bien et que l’on cherche des solutions, Allah ﷻ nous dit « Si vraiment les deux veulent, Il va leur donner les solutions ». C’est ce qui est attendu, de toujours trouver des solutions bi idnillah.
Parler avec Allah ﷻ quand ça ne va pas
J’en parle depuis le début de ces épisodes, mais est-ce qu’Allah ﷻ c’est le premier à qui tu parles de ton problème ? Le dernier ? Ou tu ne Lui en parles même pas du tout ?
Ya Allah, fais que je me satisfasse de ce que j’ai.
Je ne sais pas mieux qu’Allah ﷻ ce dont j’ai besoin. Parfois aussi, je peux demander à Allah ﷻ , pour me remettre en question, de me combler mes manquements dans le rôle de saliha. Aide mon époux à être qawwâm.
Au lieu de faire des reproches à l’autre, je m’adresse directement à son Créateur. Le chemin est plus rapide !
On aurait même dû commencer par ça. On parle d’abord à Allah ﷻ , car c’est Lui qui a créé cet homme, cette femme.
On en revient toujours aussi à la base avec notre père Adam (as) et notre mère Hawa (as) et on peut conclure avec la ayah de la dernière fois.
Allah ﷻ termine par :
Inna Allaha Kāna `Aliyân Kabirân
إِنَّ ٱللَّهَ كَانَ عَلِيًّۭا كَبِيرًۭا
Il nous rappelle qu’Il est au-dessus de nous tous. Il est notre Créateur à nous deux, si l’on est qawwâm et saliha c’est grâce à Lui. C’est Lui qui a voulu qu’Adam soit qawwâm. Et à la fin, tout ce que l’on fait, c’est pour Lui, et pour que l’on retrouve notre chemin vers notre vrai « home » : le Paradis.
Firdaws : Qu’Allah nous accompagne à pouvoir le faire et le vivre au mieux, et continuer à progresser et nous remettre en question. La capacité à se remettre en question, l’humilité et la belle intention sont essentielles.
Un programme pour accompagner les femmes
Toi Firdaws, tu aides les femmes à être saliha, à savoir quels sont leurs besoins, etc. Tu as un programme à ce sujet, c’est important d’en parler !
Firdwas : Oui, le programme de la perle. Je l’ai créé l’année dernière. C’est le résultat de 10 ans d’accompagnement en thérapie. J’ai condensé tout un travail autour de la mémoire familiale, de ce que tu hérites de ta lignée en tant que femme, en tant que future épouse et future maman.
Quels sont les principaux messages, les principales ressources, mais aussi les différents traumatismes que tu portes ? Aussi, ce qu’il est important de garder, et ce qu’il faut délaisser, car ça ne t’appartient plus. On fait une petite partie de travail sur la mémoire familiale, ensuite on travaille sur le soi. Tout ce qui est autour de la paix, comment je suis en paix. On travaille aussi sur le fait de cesser de ruminer, de culpabiliser, et d’être beaucoup plus dans l’action. Penser davantage à agir, pour faire ce qui va.
On a fait ce travail avec des sœurs partout dans le monde. Elles se sont connectées sur tout le globe :
- Canada,
- Afrique du Sud,
- Belgique,
- Suisse,
- Qatar,
- Emirats Arabes Unis,
- Toute l’Europe…
Parfois avec un décalage horaire important, mais avec un cœur très proche les unes des autres. Ça s’est très bien passé, leur dynamisme était très touchant.
Il y a deux sessions par an et il y a une liste d’attente entre chaque session.
Un programme mixte
Je travaille aussi pour les qawwâm et les salihat autour de :
-
l’amour
-
la construction conjugale
C’est ouvert à tous et disponible tout le temps, toute l’année. On peut retrouver toutes ces informations sur Instagram.
Firdaws, merci pour tout, je n’ai pas vu le temps passer ! On espère que ça vous aura apporté. Toutes les deux, on dépose cela comme une sadaqa et on espère que ça dépassera notre propre personne.
On espère que ce soit utile, que vous puissiez le partager et le transmettre. Ce sont des apprentissages que vous avez acquis et que vous pourrez transmettre ensuite à vos enfants.
C’est un héritage qu’on laisse derrière nous et vous aussi, vous pouvez participer à cette chaîne de transmission. Ne serait-ce qu’apprendre à quelqu’un ce qu’est un qawwam, c’est très important. Ainsi, le terme pourra se démocratiser et surtout sa définition et ce qu’il représente.
Prenez soin de vous, et à très bientôt inshaAllah