Beaucoup de femmes ont marqué l’Humanité. Et s’il y en a bien une qu’ALLAH ﷻ a choisie d’honorer avec autant de distinction, c’est bien cette grande dame, Hajar رضي الله عنها. Elle était une battante, arborant une confiance totale en ALLAH ﷻ. C’est une ancêtre de la meilleure qualité à qui nous devons très certainement une belle partie de notre Islam.
Le verset qui a inspiré l’épisode
Deux destins croisés
Nous allons parler de cette grande dame, qui n’est autre que la deuxième épouse de notre Prophète Ibrahim عليه السلام, dont la première épouse était Sarah رضي الله عنها. Hajar رضي الله عنها est aussi la maman d’Ismail, le premier enfant d’Ibrahim عليه السلام, qu’il a eu à un âge avancé.
Nous ne nous étendrons pas trop sur l’histoire de l’origine d’Hajar رضي الله عنها, d’où elle vient, etc. Ce n’est pas que ce ne soit pas important, mais nous risquons de transformer cet épisode en biographie, ce qui n’est pas l’objectif. Tout ce que je peux te dire pour commencer, pour te mettre dans le contexte, c’est qu’Hajar رضي الله عنها était issue d’une très noble lignée de rois égyptiens. Par plusieurs situations, procédés et guerres, elle a été faite captive d’un roi injuste qui l’a lui-même offerte à Sarah رضي الله عنها, l’épouse d’Ibrahim عليه السلام.
Ce roi, extrêmement injuste, avait tenté d’attenter à la dignité de notre mère Sarah رضي الله عنها, la première épouse d’Ibrahim عليه السلام, mais lorsqu’il s’est rendu compte qu’il ne pouvait rien contre elle et qu’elle était protégée par son Rabb, ALLAH ﷻ, il a arrêté de lui faire des avances malsaines. En guise de pardon et de considération, il lui a offert de nombreux présents, dont cette esclave, qui n’était autre que Hajar رضي الله عنها. Enfin, cette dernière a été affranchie et est devenue une compagne de vie pour Sarah رضي الله عنها, et la deuxième épouse d’Ibrahim عليه السلام.
Il y a donc un contexte assez important et conséquent concernant notre chère Hajar رضي الله عنها.
S’imaginer à la place de Hajar
Avant de plonger dans les raisons pour lesquelles j’admire autant cette femme, et pourquoi nous devons tous l’admirer, je vais te raconter une histoire et te laisser imaginer pour qu’on puisse comprendre par quoi elle est passée.
Tu es une femme, tu as un époux et un enfant. Imaginons que ton mari t’appelle et te dise de t’habiller, de te préparer, car vous allez sortir avec bébé. Tu t’exécutes, tu t’habilles, tu te prépares.
Vous montez dans la voiture, tu ne sais pas où vous allez, mais tu le suis. Après tout, c’est ton époux, tu as confiance en lui, il ne peut pas t’amener quelque part de néfaste, et c’est sûrement une surprise. Mais il ne dit rien. Vous partez et vous allez loin, très loin. Tu commences vraiment à ne plus reconnaître les lieux, tu ne sais même pas dans quelle ville tu es. Finalement, vous atterrissez en plein milieu de nulle part. Il n’y a rien, absolument rien. Il n’y a pas de restaurants, pas de stations-service, pas de point d’eau. C’est une zone complètement déserte, il n’y a personne. Si tu cries, personne ne t’entendra. Et là, ton époux te demande de descendre de la voiture et de prendre bébé. Vous descendez tous les deux, et il te demande de le suivre, mais sans explication.
Et là, il te laisse juste un sac avec un peu de nourriture et d’eau, et il s’en va. Il remonte dans la voiture et part, te laissant là. Tu cours après lui, tu lui demandes où il va, ce qui se passe, mais il répond : « Je remplis un devoir qu’ALLAH ﷻ m’a donné. C’est ALLAH ﷻ qui m’a demandé de faire cela. » Et là, il s’en va.
Là, tout de suite, on se dit : « J’espère que mon époux ne fera jamais ça. » C’est sûrement ce que tu te dis en ce moment. Et l’histoire peut aussi être imaginée par un homme, qui se dit : « Si je devais faire ça à mon épouse… » Imagine un homme qui dit cela à son épouse, qui l’abandonne là, sans explication, qui l’emmène ici, sans dire un mot. Eh bien, tout ce scénario que je viens de te raconter n’est pas une histoire inventée.
Je me suis fortement inspirée d’une histoire que tu connais sûrement, une histoire qui n’est pas une légende, mais une réalité. C’est l’histoire de notre mère Hajar رضي الله عنها, de son époux, notre père Ibrahim عليه السلام, et de leur fils, Ismail, leur petit bébé. C’est exactement ce qui s’est passé.
Des questions existentielles
Maintenant, nous allons parler d’une véritable histoire, que tu connais sûrement. Nous devons alorsréfléchir à ce que cette histoire nous enseigne et en quoi elle est pertinente pour notre vie aujourd’hui. Rappelle-toi, l’objectif est de faire vivre les préceptes du Coran dans ton quotidien. Ainsi, c’est une belle occasion de le faire à travers cette grande dame.
Ce qui est beau dans son histoire, c’est que cela répond à énormément de questions :
émotionnelles,
spirituelles,
psychologiques,
existentielles.
Des questions que les gens se posent lorsqu’ils traversent des difficultés, des épreuves, et qu’ils se demandent :
« Pourquoi cela m’arrive-t-il ? Qu’ai-je fait pour mériter ça ? Où est la bonté d’ALLAH ﷻ ? »
SubhanALLAH, plein de questions comme cela. Au lieu de tirer des leçons, au lieu d’analyser ce qui nous arrive, on questionne même le fait qu’ALLAH ﷻ nous envoie ces épreuves, ces personnes qui, en réalité, sont là pour nous aider à grandir.
Quand on regarde le déroulé des événements et surtout la conclusion, on se rend compte que la question à se poser n’est pas :
« Pourquoi m’arrive-t-il cela ? »
Mais plutôt :
« Qu’est-ce que je vais devenir après avoir traversé cela ? Est-ce que je vais être quelqu’un de plus grand, plus mature, plus reconnaissant, plus riche intérieurement ? »
Pour nous aider à répondre à cette question, ALLAH ﷻ ne se contente pas de nous envoyer des épreuves, des challenges, des examens, des difficultés. Il nous donne aussi la solution qui va avec, à travers des exemples, des indices. C’est comme si on nous donnait une devinette difficile, mais avec des indices : les histoires des Messagers, des Envoyés, des hommes et des femmes sages. En effet, ce sont des indices très suggestifs, et nous aurions tort de ne pas nous en saisir.
Hajar et sa confiance totale en ALLAH ﷻ
Revenons à l’histoire de notre père Ibrahim عليه السلام et de son épouse.
Ibrahim عليه السلام a emmené son épouse et leur bébé dans une vallée complètement déserte et les a laissés là sans dire un mot. Il n’a rien dit depuis le moment où il est sorti avec eux, jusqu’au moment où il part, sans se retourner. Alors, Hajar رضي الله عنها court après lui et lui pose la question :
« Ô Ibrahim, vas-tu nous laisser ici, dans cette vallée, seule, là où il n’y a rien et où il n’y a personne ? »
Mais Ibrahim عليه السلام n’a pas répondu. Elle a alors réitéré la question, et il n’a toujours pas répondu. Ainsi, elle a compris le message. Au lieu d’insister, elle lui a posé une autre question et lui a demandé :
« Est-ce ALLAH ﷻ qui t’a ordonné de faire cela ? »
La seule réponse prononcée par Ibrahim عليه السلام a été :
« Oui, نعم. »
Puis Hajar رضي الله عنها a répondu :
« Alors, Il ne nous négligera pas. »
Cette conversation est rapportée dans le recueil de Bukhari.
Cette déclaration d’Hajar رضي الله عنها est très marquante. Je trouve sa réponse d’une beauté et d’une grandeur sans nom.
Elle répond calmement, en disant que, puisqu’il s’agit d’ALLAH ﷻ qui lui a ordonné cela, alors Il ne les négligera pas.
Le verbe « négliger » ضيّع , qu’elle utilise, en parlant d’ALLAH ﷻ, est très lourd de sens. En effet, la racine de ce mot signifie :
négliger,
abandonner,
gaspiller,
égarer.
C’est comme si elle disait :
« ALLAH ﷻ ne nous négligera pas, Il ne nous gaspillera pas, Il ne nous abandonnera pas, Il ne nous laissera pas dans l’égarement. »
Puis, elle retourne là où Ibrahim عليه السلام l’a déposée, là où il l’a accompagnée, et là où il s’est retourné. Elle est retournée là-bas avec son bébé, et Ibrahim عليه السلام ne se retourne pas, il s’en va.
La position d’Ibrahim
On voit bien qu’Ibrahim عليه السلام n’a pas fait cela de son plein gré, avec la personnalité qu’on lui connaît. En effet, ALLAH ﷻ mentionne souvent dans le Coran sa douceur, sa bienveillance.
À chaque fois qu’ALLAH ﷻ parle de lui, Il glisse toujours cette mention :
« Ibrahim, qui a le cœur tendre, qui se soucie des autres. »
C’est un prophète qui avait un père idolâtre, qui fabriquait des idoles, qui l’a menacé à plusieurs reprises à cause de sa croyance. Ibrahim عليه السلام n’a cessé d’invoquer pour son père, de lui faire le rappel, de lui faire la da’wa avec bienveillance, de l’appeler à l’Islam, jusqu’à ce qu’ALLAH ﷻ lui demande de ne plus demander pardon pour son père, car il est égaré, et qu’il n’y a plus rien à faire pour lui.
Ibrahim عليه السلام s’était arrêté à ce moment-là.
Si Ibrahim عليه السلام était comme cela avec ses ascendants, que dire de ses descendants qui dépendent de lui, que dire de son épouse ? Si on cherche un homme qawwâm, et qu’on passe à côté d’Ibrahim عليه السلام, alors il faut savoir que nous avons trouvé la destination.
Il faut imaginer l’état de son cœur, l’état de ses émotions lorsqu’il doit laisser sa famille derrière lui, sans se retourner. Seul avec ALLAH ﷻ, il formule une invocation, et c’est capturé dans cette ayah .
L’invocation d’Ibrahim عليه السلام
Il s’adresse à ALLAH ﷻ, il discute avec Lui. On reconnaît bien là Ibrahim عليه السلام, l’ami intime d’ALLAH ﷻ, qui s’adresse à son Rabb et qui dit :
« Oh notre Rabb , j’ai établi une partie de ma descendance dans cette vallée, sans agriculture, au sein même de Ta maison sacrée. »
Là, il fait un constat des faits. Il ne se plaint pas à ALLAH ﷻ, il lui dit juste ce qui est, car ALLAH ﷻ sait. C’est comme s’il confirmait :
« ALLAH ﷻ, Tu m’as demandé de faire cela, eh bien je l’ai fait. Voilà, je les ai établis ici. Je les ai laissés dans une vallée sans agriculture. Il n’y a rien ici, c’est le désert, il fait chaud, c’est au milieu de nulle part. »
Mais il mentionne :
« Au sein même de Ta maison sacrée »
Il sait qu’ici se trouvent les fondements de la maison sacrée, la Kaaba. C’est ici, plus tard, qu’il va, avec son fils, construire la Kaaba.
Ibrahim عليه السلام répète encore : « Oh notre Rabb … ». Et il ne dit pas « mon Rabb » dans cette page de Sourate Ibrahim. C’est une page entière où il fait plusieurs invocations, et il alterne entre « Oh mon Rabb » et « Oh notre Rabb ».
Lorsqu’on est seul à demander quelque chose et lorsqu’on est plusieurs, cela n’a pas la même force. Quand plusieurs personnes demandent la même chose, c’est plus percutant.
Ibrahim عليه السلام, avec cette simple formule, crée cette dynamique-là. C’est une des raisons, mais il y en a bien d’autres, pour lesquelles il alterne entre « nous » et « je ». En lisant les différents tafsir (exégèses) de grands savants sur ce sujet, il y a plusieurs explications, mais parmi elles, il y a celle-ci.
Et c’est beau, car Ibrahim عليه السلام se donne plus de chances en disant « notre Rabb » plutôt que « mon Rabb ». Il met toutes les chances de son côté, en disant :
« Ya ALLAH ﷻ, notre Rabb, à nous tous, à ma descendance et à nous, serviteurs. »
Et il se répète en disant « Oh notre Rabb, afin qu’ils établissent la salat », ce qui est magnifique.
L’objectif final : l’établissement de la prière
Il relie cet épisode à un objectif de base. Ibrahim عليه السلام ne perd pas de vue l’objectif : il veut que sa famille accomplisse la salat . Il veut qu’ils établissent un lien avec ALLAH ﷻ. Car c’est ce lien, cette relation avec ALLAH ﷻ, qui fera que la communauté musulmane perdurera et réussira. Cela ne pourra pas se faire sans l’établissement de la salat , car la prière est le lien qu’on a avec ALLAH ﷻ, cette conversation qu’on maintient avec Lui pour notre salut.
Ibrahim عليه السلام rappelle cela et continue en disant :
« Ô ALLAH ﷻ, fais que se penchent vers eux les cœurs d’une partie des êtres humains, une partie des gens, et nourris-les de fruits. Peut-être qu’ils seront reconnaissants. »
Je pense que cette ayah , toute seule, pourrait faire l’objet d’heures d’études. Personnellement, je me rappelle que, lorsque je suis arrivée sur ce verset, j’ai passé beaucoup de temps dessus. C’était trop riche pour moi, il fallait la découper, la comprendre en profondeur. Si on devait prendre plusieurs axes, il y aurait de quoi écrire un livre juste sur cette ayah , comme pour beaucoup d’autres ayat du Coran.
Ibrahim عليه السلام évoque quelque chose de très important lorsqu’il demande à ALLAH ﷻ que des gens viennent à eux. Il dit que les cœurs des gens se penchent vers eux. D’ailleurs, il ne parle pas simplement des cœurs, il fait appel à quelque chose de précis. Il aurait pu dire « les cœurs », mais il utilise le terme « فُؤَاد – fou’ad ».
La dimension affective
Ce terme se réfère au cœur dans sa dimension émotionnelle. Quand il y a des émotions fortes, comme la colère, la joie, ou la tristesse, là on parle du « فُؤَاد – fou’ad ».
Mais lorsqu’on parle de «قلب – qalb », c’est un terme plus général, qui englobe la fonction vitale du cœur, mais aussi ses émotions.
Ibrahim عليه السلام fait appel à l’émotion des gens, à leur cœur dans sa dimension affective. Il utilise le verbe « ahwā -أهوى », qui veut dire se pencher, aimer passionnément. Ce verbe est puissant, car dans certaines poésies arabes anciennes, il peut aussi désigner un désir profond.
Ici, bien sûr, dans la bouche d’Ibrahim عليه السلام, cela ne peut avoir qu’une connotation pure et positive. Il fait appel à un amour profond, à un désir passionné, à un lien fort. Il appelle une partie du cœur des gens à se tourner vers la Maison sacrée, la Kaaba.
Et aujourd’hui, lorsque l’on voit les millions, voire les milliards de personnes qui convergent vers la Mecque pour accomplir le pèlerinage, on comprend qu’Ibrahim عليه السلام a été plus qu’exaucé. Il y a quelque chose de magnétique lorsqu’on approche des villes saintes, la Mecque et Médine. Il y a un désir profond, un attachement à ces lieux. C’est la du’a (invocation) d’Ibrahim عليه السلام qui opère encore aujourd’hui.
Ibrahim عليه السلام a certes laissé sa famille derrière lui, sans se retourner, mais la du’a qu’il a formulée a laissé de grandes provisions pour eux, pour tous ceux qui viendront après.
Hajar et Ibrahim, unis malgré la distance
Ibrahim et son épouse, se sont séparés physiquement à ce moment-là, mais ils sont restés unis par leur amour et par leur confiance totale en ALLAH ﷻ. Il en faut de la confiance totale en ALLAH ﷻ pour laisser sa famille dans ce lieu, sans se retourner, sans dire un mot.
Il faut une confiance totale en ALLAH ﷻ pour accepter, en tant qu’épouse, d’être laissée seule par son époux dans de telles circonstances, sans s’en formaliser, sans dire un mot.
Aujourd’hui, je ne suis pas sûre que beaucoup d’entre nous auraient supporté cette situation.
L’épreuve de Hajar
Cette femme est là, toute seule, avec son fils, un petit sac de provisions et une gourde d’eau. ALLAH ﷻ nous raconte qu’elle allaitait encore Ismail عليه السلام à ce moment-là.
Finalement, on pourrait se dire que son époux, censé prendre soin d’elle, l’a laissée dans cette situation. La nourriture qu’elle a va vite s’épuiser, de même que l’eau. Elle doit manger et boire pour avoir assez de lait pour nourrir son bébé, car lui ne peut pas manger, ni mâcher. Ce n’est pas l’eau qui va nourrir un bébé, il lui faut le lait de sa maman.
Mais cela ne va pas durer éternellement.
Bientôt, il n’y a plus d’eau, plus une goutte dans sa gourde. Elle ne peut plus boire, elle s’assoiffe. Elle n’a plus rien à manger. Et là, elle regarde son bébé, qui, heure après heure, jour après jour, pleure, se tord de faim.
Certains disent que ses pleurs étaient ceux d’une agonie, tellement il avait faim.
Je ne sais pas si tu es maman, mais si tu as déjà entendu les pleurs de ton bébé, quand il n’a pas mangé depuis des heures, tu sais que ce n’est pas le même pleur que lorsqu’il se réveille pour que sa couche soit changée ou quand il a juste faim pendant la nuit.
Ce pleur-là, c’est celui de la douleur, de la souffrance.
Hajar رضي الله عنها a dû supporter ces pleurs-là. À ce moment précis, je pense que la majeure partie des gens à sa place auraient commencé à douter :
d’eux-mêmes,
d’ALLAH ﷻ,
de leur époux.
Ils auraient remis en question leur existence même. Et petit à petit, le désespoir s’installe.
Le désespoir, c’est ce qui fait penser à Iblis, à Shaytan. Iblis, pour rappel, ça veut dire “celui qui a perdu espoir, celui qui est désespéré”. Beaucoup auraient pu tomber dans ce piège, mais cela n’a pas été le cas de Hajar رضي الله عنها. Elle a été très forte, très courageuse, très digne.
Beaucoup disent « J’ai confiance, j’ai confiance », mais ce sont souvent des mots. Elle ne s’est pas contentée de dire « ALLAH ﷻ ne nous négligera pas ». Hajar a agi et a mis cette parole en pratique. Elle s’est levée et a commencé à chercher.
Quand elle a vu son fils pleurer, souffrir, elle ne s’est pas laissée abattre. Elle l’a posé dans la vallée, puis elle a commencé à marcher, à courir entre Safa et Marwa. Elle a marché vers Safa, cherchant quelque chose, quelqu’un, et est redescendue vers Marwa, de l’autre côté.
Si tu as déjà été dans les lieux saints à La Mecque, tu sais que le Sa’i d’aujourd’hui n’a rien à voir avec ce qu’a fait notre mère Hajar رضي الله عنها. Aujourd’hui, le Sa’i est :
climatisé,
le sol est bien aménagé,
les monts ne sont pas aussi tranchants.
Pour Hajar رضي الله عنها, c’était une véritable épreuve :
elle marchait et courait, entre les deux monts, sous un soleil brûlant,
elle était affamée, assoiffée,
son bébé souffrait et elle en devait faire abstraction
elle devait faire abstraction de sa propre fatigue
Le tout en cherchant quelqu’un, quelque chose, ou tout simplement de l’aide.
La délivrance d’Hajar
Au bout de sept allers-retours, elle n’a pas abandonné et n’a pas arrêté de chercher. Mais à ce moment-là, elle a cru entendre une voix. Elle s’est retournée et a vu un ange qui frappait le sol avec son aile.
L’eau a commencé à jaillir, la fameuse source de Zamzam. Elle a dévalé la montagne, et lorsqu’elle a vu cette source, elle s’est précipitée pour la creuser, pour ne pas que l’eau s’éparpille partout. Elle a fait un bassin avec ses mains pour garder l’eau. Puis elle a pu boire, en donner à son bébé et l’allaiter.
Et c’est à ce moment-là que l’ange lui a dit :
« N’aie pas peur d’être négligée, car c’est ici que la maison d’ALLAH ﷻ sera construite, par ce garçon et son père. »
Et ces paroles sont rapportées dans un hadith du Sahih Bukhari.
C’est époustouflant. Là, on a une action et une réaction. L’action de Hajar رضي الله عنها et la réaction d’ALLAH ﷻ. Mais avant qu’ALLAH ﷻ réagisse, il faut agir. Pour agir, il faut avoir confiance en ALLAH ﷻ, car sans cette confiance, ALLAH ﷻ ne nous insuffle pas cette énergie, cette force, cette envie d’agir, d’accomplir. Et lorsque l’on n’accomplit rien, il ne se passe rien.
Notre mère Hajar رضي الله عنها a fait suivre sa parole « ALLAH ﷻ ne nous négligera pas » par une lutte physique, émotionnelle, psychologique, et même existentielle.
En effet, elle jouait son existence et celle de son fils. Il faut imaginer : si elle n’avait pas trouvé cette source d’eau, ce serait une question de jours avant que tout le monde meure. Mais elle savait qu’il y avait une faïda, une beauté derrière cette action-là.
La confiance qu’elle a eue en ALLAH ﷻ est immense. J’ai du mal à imaginer l’étendue de cette confiance pour pouvoir agir comme elle l’a fait, un véritable sans-faute. Elle a eu confiance en ALLAH ﷻ et s’est abandonnée à Lui.
Si on devait l’imager aujourd’hui, ce serait comme si on te demandait de faire un saut à l’élastique sans élastique. C’est comme si on te plaçait tout en haut d’une falaise et te disait de te jeter dans le vide, sans parachute, sans harnais de sécurité. On te dit juste : « Fais-moi confiance. » La confiance en ALLAH ﷻ, si on veut la mesurer dans la situation de Hajar رضي الله عنها, c’est exactement ça. « Jette-toi dans le vide, fais-moi confiance. »
La bonne opinion d’ALLAH ﷻ
J’ai entendu une fois la parole d’un homme sage qui disait :
« L’être humain a l’habitude de dire : ‘Quand je verrai, je croirai’, et ‘ALLAH ﷻ, montre-moi et je croirai.’ » Mais ce qu’ALLAH ﷻ nous demande, c’est : « Crois en Moi et je te montrerai. »
Ce n’est pas le même ordre. L’équation avec ALLAH ﷻ est différente. Et Hajar رضي الله عنها a très bien compris cela. Elle a fait confiance à ALLAH ﷻ, a retroussé ses manches et ALLAH ﷻ lui a montré qu’Il ne la négligerait jamais, ni elle, ni sa descendance.
Ce qui est beau, c’est qu’elle a eu une très bonne opinion d’ALLAH ﷻ, elle a eu de belles attentes envers Lui. Par cette parole : « ALLAH ﷻ ne nous négligera pas. » Cela montre qu’elle avait une belle attente d’ALLAH ﷻ. Et ALLAH ﷻ a répondu au-délà de ses attentes.
L’image de la source de Zamzam, qui ne tarit jamais, est le parfait exemple. Hajar رضي الله عنها ne s’attendait pas à une source d’eau inépuisable. Elle cherchait simplement un peu d’eau pour calmer son bébé. Mais ALLAH ﷻ lui a offert bien plus, une source qui n’a jamais cessé de couler.
Cette source d’eau, Zamzam, ne s’arrête jamais. Et de la même façon que cette source n’a pas de limite, la réponse d’ALLAH ﷻ à la confiance que l’on Lui accorde n’a pas de limite. C’est ce que notre mère Hajar رضي الله عنها a bien compris, et j’espère que nous aussi, nous le comprenons aujourd’hui.
Son installation dans ce lieu
Non seulement la source d’eau n’a pas de limite, mais d’autres bénédictions se sont manifestées. Cette source d’eau a attiré des gens. Le lieu où Hajar رضي الله عنها et son fils Ismail عليه السلام se trouvaient était désert, mais ils ont vu arriver des voyageurs, des gens qui s’étaient éloignés et qui, en voyant des oiseaux voler au-dessus de la vallée, ont su qu’il y avait de l’eau. Il s’agissait de la tribu de Bani Jurhum, des gens nobles originaires du Yémen.
Ils lui ont demandé si elle les autorisait à s’installer là, près de la source d’eau. Elle a accepté, mais a précisé qu’ils n’auraient pas de droit sur l’eau. Elle restait la propriétaire de la source, et ils ont respecté cela.
Ce geste de bienveillance envers Hajar رضي الله عنها est rapporté par le Prophète Muhammad ﷺ. Il a ajouté que Hajar رضي الله عنها était enchantée par cette situation, car elle avait toujours aimé la compagnie des gens, et ne supportait pas la solitude.
Cela répond à la question qu’elle posait à Ibrahim عليه السلام, lorsqu’elle disait :
« Vas-tu nous laisser là, dans ce lieu désert, sans personne avec qui nous réjouir ? »
ALLAH ﷻ lui a répondu, non seulement en lui offrant l’eau, mais aussi la compagnie de gens, des gens nobles et bienveillants, qui se sont installés près d’elle. Ces gens n’étaient pas là simplement pour rester, ils ont formé une communauté. Et cette communauté a permis à Ismail عليه السلام de grandir parmi eux, d’apprendre leur langue, et à Hajar رضي الله عنها de vivre entourée, dans une communauté de personnes respectueuses.
Cette situation montre que, non seulement elle a reçu ce qu’elle attendait, mais bien plus encore. Elle a reçu la compagnie et une prospérité inattendue.
Regarde l’ordre dans lequel Ibrahim عليه السلام a mis les choses. Après avoir fait le constat « j’ai laissé ma famille ici », dans un endroit où il n’y a rien, il n’y a rien, on ne peut rien cultiver ici, il commence par évoquer notre Rabb. « Pour qu’ils établissent la salat. » Ibrahim عليه السلام a donné la priorité à cela.
D’abord, il y a ALLAH ﷻ. « J’ai d’abord besoin qu’ils établissent la salat. » Ensuite, il demande qu’ALLAH ﷻ envoie des gens vers eux, que les cœurs des gens se penchent passionnément vers ce lieu, qu’ils apportent des provisions, mais pas seulement. Ce ne sont pas juste des provisions. Ibrahim عليه السلام savait que la subsistance de sa famille viendrait du fruit du commerce, du fruit d’une vie communautaire.
Et c’est après tout cela qu’il dit :
« Oh notre Rabb , afin qu’ils soient reconnaissants. »
L’héritage que nous devons à Ibrahim et Hajar
Aujourd’hui, quand nous ne nous inscrivons pas dans la reconnaissance envers ALLAH ﷻ, dans le hamd , dans le shukr (remerciements), nous trahissons notre père Ibrahim عليه السلام, et notre mère Hajar رضي الله عنها.
Nous trahissons un héritage qu’ils sont en train de nous léguer. Nous n’avons pas le droit de faire moins que ça. Et eux, quand ils font preuve de reconnaissance, c’est après tous ces efforts. Nous, on n’a pas fourni les mêmes efforts qu’eux. On n’a pas traversé ce que Hajar رضي الله عنها a traversé, ni ce que notre père Ibrahim عليه السلام a traversé. Et pourtant, ils étaient reconnaissants.
Alors nous, qui avons cet héritage sans avoir fait les mêmes efforts qu’eux, et qui connaissons tous les sacrifices derrière, est-ce qu’en fait on a le temps de faire autre chose que de remercier ALLAH ﷻ ? Telle est la question.
Je pense que ce qui est essentiel à retenir de cette scène à propos de notre mère Hajar رضي الله عنها et sa famille, c’est que tant qu’on continuera à faire totalement confiance à ALLAH ﷻ et à Le suivre, peu importe la situation difficile que l’on vit, rien ne sera trop compliqué pour ALLAH ﷻ. Comme le disait la parole d’un savant :
« Si tu as des problèmes, alors dis à tes problèmes que ton Rabb est plus grand. Si tu as beaucoup de problèmes, de gros problèmes, ton Rab est plus grand que tes problèmes, donc tes problèmes peuvent être réglés. »
Et ALLAH ﷻ soutiendra TOUJOURS ses serviteurs. Il ne négligera jamais Ses serviteurs. Et ça, c’est une du’a que tu peux faire :
« Ô ALLAH ﷻ, ne nous néglige pas. »
Mais dans ce cas, fais-Lui confiance.
Hajar رضي الله عنها incarne le courage, la persévérance. Pas le temps de s’apitoyer sur son sort, pas le temps de se résigner, même devant les pleurs de son bébé. Et rappelle-toi toujours les pleurs de son bébé affamé, ces cris de souffrance.
Les conséquences de l’installation de Hajar
C’est par elle qu’a débuté finalement la construction de La Mecque. Elle est notre mère. Et c’est de sa descendance qu’est né le meilleur des hommes, puisque RassululLAH ﷺ est généalogiquement issu de la lignée d’Ismail عليه السلام.
Je me suis dit que, pour le meilleur des hommes, il fallait une ancêtre vaillante, il fallait la meilleure des ancêtres. Et c’est ça qui est beau, c’est qu’en plus, le Prophète ﷺ est né à La Mecque, et son arrière-grand-mère est celle qui est à l’origine de l’établissement des gens à La Mecque. C’est vraiment une femme battante, une mère ayant une confiance totale en ALLAH ﷻ.
C’est une mère qui est partie chercher de l’eau pour son bébé. Imagine ! C’est une ancêtre à nous qui est partie chercher de l’eau pour son bébé, et en réalité, ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’elle était partie chercher de l’eau pour tous les musulmans qui viendraient après. C’est bien plus que de l’eau qu’elle est partie chercher.
Elle n’a pas seulement cherché des provisions ou un peu d’aide, elle a cherché un foyer où l’on pourrait adorer ALLAH ﷻ. C’est elle qui a initié le rite de Sa’i, cette marche entre Safa et Marwa, sans laquelle notre Hajj ou notre Umrah ne serait pas valide.
Revivifier cette confiance en ALLAH ﷻ par le pèlerinage
Il n’y a pas de Hajj, ni de ’Umrah sans accomplir ce geste de notre mère. Il faut comprendre que ce n’est pas seulement un geste physique, le Sa’i aujourd’hui est beaucoup plus confortable, mais il faut que ce soit aussi une marche spirituelle.
Pendant que tu fais ce trajet entre Safa et Marwa, pense à une situation difficile que tu vis, que tu as vécue ou qui est en train de se dessiner, et demande à ALLAH ﷻ de te donner la confiance qu’a eue Hajar رضي الله عنها.
En marchant, pense à la situation critique dans laquelle elle se trouvait, cherchant de l’eau pour son bébé, sachant que sa situation était une question de vie ou de mort. Demande à ALLAH ﷻ de te donner cette confiance en Lui. Il n’y a rien qu’ALLAH ﷻ ne puisse faire pour régler ta situation, Il peut tout faire.
D’ailleurs, il est recommandé, lorsque tu arrives au niveau de Safa, de faire des dou’as. Au niveau de Marwa, tu t’arrêtes et tu fais encore des dou’as.
La Umrah, ce n’est pas juste : « Je vais, je viens, je vais, je viens. » Non. Ça se vit, ça ne se fait pas à la légère. La Umrah ne dure pas sept jours, c’est l’espace de quelques heures. Il faut les vivre ces heures-là, fais-les dans la forme, fais-les bien, mais réfléchis et médite. Que tu sois en groupe ou seul, cela se vit. C’est pour cela qu’il faut bien choisir avec qui tu pars.
Pendant le Sa’i, ce n’est pas le moment de papoter, de discuter, de rigoler, de se plaindre, ou de courir partout. Non,c est un moment de recueillement profond. Dans ta tête, il doit y avoir plein de canaux ouverts, de connexions spirituelles. La meilleure façon de vivre ce moment, c’est de se rappeler l’origine de ce geste. Si notre mère Hajar رضي الله عنها ne l’avait pas fait, tu ne serais pas en train de le faire. La moindre des choses, c’est d’avoir une pensée pour elle, au moment où tu accomplis le Sa’i.
Si tu regardes bien, la Umrah est composée presque uniquement de gestes accomplis par notre père Ibrahim عليه السلام et sa famille. Quand tu fais la circumambulation autour de la Kaaba (le tawaf), tu reproduis un geste qu’Ibrahim عليه السلام a fait avec son fils après la construction de la Kaaba. Et quand tu fais le Sa’i, le trajet entre Safa et Marwa, tu reproduis le trajet qu’Hajar رضي الله عنها a fait.
L’hommage d’ALLAH ﷻ
ALLAH ﷻ a rendu hommage à cette femme en faisant en sorte que tout musulman ou musulmane, homme et femme, pour accomplir un Hajj ou une Umrah, doive accomplir ce geste, reproduire le geste d’une femme qui cherchait de quoi nourrir son bébé. Ça a de quoi être médité et remédité, aussi bien pour nos hommes que pour nos femmes.
Je me mets à la place d’un homme qui est en train de faire ce geste. C’est une manière aussi pour lui de se reconnecter à sa propre mère, à son épouse, à sa fille qui sera amenée à être mère, et aussi de se reconnecter à ses sœurs. Aussi, c’est une manière d’avoir de la considération pour les femmes autour de lui. Ce geste est un hommage à une femme battante, et de génération en génération, les hommes reproduisent ce geste.
Une petite anecdote personnelle
En 2022, j’ai pu accomplir une Omra avec mes enfants. C’était la première fois que je partais avec mes trois enfants.
Ça s’est très bien passé, la famille était au complet, mes parents et mes sœurs étaient là. C’était bien organisé. Je me souviens que pendant le Sa’i, mon fils, qui avait cinq ans à l’époque, était vraiment fatigué. Je me rappelle qu’il avait presque des larmes de fatigue vers la fin, mais quand je lui ai demandé s’il voulait se reposer, il m’a répondu :
« Non, non, non, je continue, comme Hajar رضي الله عنها. »
Et à un moment donné, alors qu’il était au milieu du Sa’i, il m’a dit :
« Maman, tu te rends compte ? On est en train de refaire le trajet d’une maman qui est partie chercher de l’eau. »
Cela m’a marqué, parce qu’il a donné un sens à ce geste. Et les enfants ont besoin de sens. Et ce genre de rite est très intéressant, parce que les questions qu’ils posent, cherchent du sens. C’est des questions que, parfois, en tant qu’adulte, on oublie de se poser.
Voir cela à travers le regard d’un enfant, fait réfléchir. L’innocence avec laquelle il a rapporté ce geste à notre mère Hajar رضي الله عنها nous donne un coup de pied dans la conscience, à nous les adultes, pour nous dire :
« Ah, il faut que je me concentre, il est question de notre mère Hajar ici. »
Ce geste, tout ce qu’il véhicule, mérite une vraie réflexion : qu’est-ce que j’apprends de son périple ? C’est l’occasion de se rappeler tout cela, de faire un reset et de penser à ce qu’il y a derrière chaque geste d’adoration :
Quand on fait ces allers-retours entre Safa et Marwa, il faut prier pour elle, remercier Allah ﷻ de nous avoir offert une mère aussi courageuse, aussi digne, qui a eu une confiance totale en Allah ﷻ.
Quand on boit l’eau de Zamzam, on la boit abondamment. D’ailleurs, il y a une du’a à faire avant de boire l’eau de Zamzam. Je t’invite à lire la du’a que Rasulullah ﷺ prononçait lorsqu’il buvait l’eau de Zamzam et les invocations qu’il a enseignées à faire à ce moment-là.
L’eau de Zamzam
L’eau de Zamzam n’est pas simplement de l’eau ordinaire. Lorsqu’on la boit, il faut penser à l’invocation que le Prophète ﷺ a faite. Cette eau a un sens spirituel profond. C’est pour cela qu’il est conseillé d’offrir et de partager cette eau de Zamzam.
Si un jour quelqu’un te donne un verre de Zamzam, ce qui doit résonner dans ta tête, c’est l’invocation, parce que cette eau est bénie, et ta du’a sera exaucée. En effet, ce que tu demandes au moment où tu bois l’eau de Zamzam, ta du’a sera exaucée, que ce soit pour :
un examen,
pour se marier,
pour avoir des enfants,
pour accomplir un voyage,
pour toute décision importante dans ta vie…
Comme le Prophtèe ﷺ le faisait, lorsqu’il avait l’habitude de boire l’eau de Zamzam, il la buvait en trois gorgées. Ce qui est beau, quand tu es à La Mecque, c’est que tu peux faire cela toute la journée. Franchement, si on se rendait compte de la richesse de l’eau de Zamzam, je pense qu’on dormirait à côté d’un bidon. On en boirait jour et nuit !
Je ne sais pas si tu en as déjà fait l’expérience, mais il y a deux choses impressionnantes avec l’eau de Zamzam.
C’est une eau qui, même si tu en bois autant que tu veux, ne te donne pas envie d’aller aux toilettes.
C’est une eau qui nourrit. Tu peux rester toute la journée dans la mosquée, ne boire que de l’eau de Zamzam, et tu n’auras pas faim.
Notre attitude vis-à-vis de Zamzam
Ce sont des miracles de Zamzam, et on aurait tort de ne pas en profiter. Je me dis que c’est même une marque de respect pour notre mère Hajar رضي الله عنها que d’en boire abondamment.. Elle s’est donné beaucoup de mal en cherchant de l’eau, et ensuite, elle a trouvé cette source, qui est intarissable. Cela veut dire qu’elle est là pour nous, qu’il y en a pour tout le monde. Si toute la Terre devait en boire, il y en aurait encore. On aurait tort de ne pas en boire ou de le boire rapidement, sans réfléchir.
D’ailleurs, il est recommandé, lorsque tu fais la ‘Umrah, au moment de boire de Zamzam, d’en boire beaucoup, tout comme le Prophète ﷺ le faisait. Il en avait tellement bu qu’il sentait presque le niveau de l’eau dans sa gorge. Quand tu arrives au moment de boire Zamzam pendant tes rites, il faut boire jusqu’à ce que tu sois comme un bidon de Zamzam qui marche !
L’exaucement de l’invocation d’Ibrahim
Je t’avais dit qu’ALLAH ﷻ a non seulement exaucé la du’a d’Ibrahim عليه السلام, mais aujourd’hui, les gens prient. Aujourd’hui, il y a des milliers de personnes qui prient.
Et pour ceux de notre communauté qui ne prient pas encore, qu’ALLAH ﷻ leur accorde de goûter au délice de la salat, comme Ibrahim عليه السلام le voulait pour nous. Amine.
ALLAH ﷻ a tellement exaucé son invocation qu’il lui rend hommage dans la prière, dans le tashahoud. Tu te rappelles ? Dans le tashahoud, le salut final. Il y a une invocation que nous faisons en retour pour Ibrahim عليه السلام. Lui a invoqué ALLAH ﷻ pour que nous prions, et bien ALLAH ﷻ a fait que de notre bouche, plusieurs fois par jour, des milliards de personnes prient pour Ibrahim عليه السلام, pour le Prophète ﷺ et leur famille :
Allahumma salli ‘ala Ibrahim wa ‘ala ahli Ibrahim .
ALLAH ﷻ a rendu hommage à Ibrahim عليه السلام et à sa famille, et nous, en prions sur lui, sur sa famille. Et j’ai envie de dire, c’est comme une invitation d’ALLAH ﷻ à toujours se rappeler d’eux, à toujours méditer sur leur histoire. Mais méditer sur leur histoire, ce n’est pas seulement dire « Ah, oui, ils ont fait ça, c’était beau. » Non, méditer sur leur histoire, cela signifie réfléchir sur les messages qu’ils nous transmettent.
De belles leçons à appliquer
Il y a plein de mots-clés dans cette histoire, des principes comme :
le tawakkul (la confiance totale en ALLAH ﷻ),
la persévérance,
l’action,
la patience,
la sobriété.
Il y a énormément de pépites dans cette histoire, et tout cela est vécu à travers l’exemple de notre mèreHajar رضي الله عنها, qui est un modèle important pour moi. Sa persévérance me touche énormément. Le fait qu’elle n’abandonne jamais malgré les difficultés m’a beaucoup aidé dans des épreuves personnelles, quand je me disais : « Abandonner n’est pas une option. »
Parfois, les gens me disaient : « Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas abandonner dans cette situation. » Et je répondais dans ma tête : « Est-ce que abandonner est une option ? » Ce n’est pas une option. La réussite ou l’échec ne se trouve pas dans le fait de ne pas abandonner, mais dans le fait de persévérer. Et c’est cette persévérance qui est une grande richesse.
Ce qu’il faut retenir de cet épisode de la vie de Hajar رضي الله عنها
Avoir confiance en ALLAH ﷻ en toutes circonstances
Ça nous renvoie à la ayah dans Sourate At-Talaq (65:3) :
“Quiconque place sa confiance en ALLAH, ALLAH lui suffit.”
C’est une vérité qui coule de sens. Ça me fait aussi penser au hadith de RassouloulLAH ﷺ, lorsqu’il parle de celui qui place sa confiance en ALLAH ﷻ, qu’ALLAH ﷻ pourvoit à tout, à l’image de l’oiseau qui quitte son nid le matin, le ventre vide, et revient le soir, le ventre plein. C’est très important, la confiance totale en ALLAH ﷻ, car cela donne du courage, de l’assurance et un mental d’acier.
Quand je parle de cela, bien sûr, je pense à Hajar رضي الله عنها, et cela incite à passer à l’action. Je trouve dans ce sens que notre mère Hajar a eu un excellent management de ses émotions. Elle ne s’est pas laissée consommer par la tristesse ni par la peur :
la tristesse d’avoir été laissée là sans provision,
la peur de mourir sans rien avoir.
À partir du moment où elle a commencé son action, où elle a placé sa confiance en ALLAH ﷻ, elle savait qu’ALLAH ﷻ allait lui répondre.
Aussi, l’existence même du puits de Zamzam, jusqu’à ce jour, est un miracle. Un puits, une source d’eau intarissable, pour une femme qui n’avait plus rien. C’est ainsi la preuve de ce qu’on peut recevoir de la part d’ALLAH ﷻ lorsqu’on apprend à Lui faire entièrement confiance.
Notre succès est dans le sabr (la patience)
Notre mère Hajar رضي الله عنها n’a pas pleuré une seule fois. Elle a eu une patience constante, ce qui est très important. Cela me fait penser à un hadith du Prophète ﷺ où il parlait de la situation impressionnante du musulman :
« Quand il lui arrive un malheur, il remercie ALLAH ﷻ, et c’est un bien pour lui. Quand il lui arrive un bien, il remercie ALLAH ﷻ, et c’est un bien pour lui. Et quand il lui arrive un malheur, il fait preuve de sabr, et cela devient aussi un bien pour lui. »(Sahih Muslim)
La persévérance
Comme j’aime le dire, avec la persévérance, on gagne toujours.
Cela me fait penser à une ayah dans Surat Ar-Ra’ad (13:11), où ALLAHﷻ dit :
“Allah ne change pas l’état d’un peuple tant que celui-ci ne se change pas lui-même.”
En clair, si tu ne prends pas la décision de te changer, ALLAH ﷻ ne changera pas ta situation. Cette affirmation explique pourquoi il est impossible de changer quelqu’un. C’est une phrase que le développement personnel aime bien dire, mais en réalité, elle est déjà écrite depuis des millénaires dans le Coran. L’équation est simple : Allah ﷻ a dit qu’Il ne changera pas l’état d’un peuple si celui-là ne prend pas la décision de se changer lui-même.
Tu te trouves en face de quelqu’un qui ne veut pas changer, et tu penses pouvoir essayer de le changer et réussir ? Non. Si tu crois pouvoir changer quelqu’un, oublie. Si tu continues d’essayer encore maintenant, oublie, c’est impossible. La personne qui ne veut pas changer, tu ne pourras rien. La seule personne sur qui tu peux agir et opérer du changement, c’est toi-même. Et sûrement, ton changement à toi motivera les autres. Comme le disent les Anglais : “Lead by example” (mène par l’exemple). Guide, dirige les gens, sois l’exemple par ton comportement.
Faire suivre tout cela par l’effort, l’action
Quand tu regardes notre mère Hajar رضي الله عنها, elle ne s’est pas assise, elle n’est pas restée à attendre qu’on vienne la trouver. Non, elle a agi. L’aide d’Allah ﷻ arrive quand on fait l’effort de changer notre situation. Et là, je te rappelle encore la du’a (invocation) qui a motivé l’épisode du jour, la du’a de notre père Ibrahim عليه السلام. C’est une boucle qui se boucle lorsqu’il dit :
« Ô mon Rabb, j’ai établi une partie de ma descendance dans cette vallée, sans agriculture, au sein même de ta maison sacrée. Ô notre Rabb, afin qu’ils établissent la salat. Fais que se penchent vers eux les cœurs d’une partie des êtres humains et nourris-les de fruits. Peut-être seront-ils reconnaissants. »
Avant de te laisser…
Je demande à ALLAH ﷻ de faire de nous des personnes qui établissent la salat constamment. Parce qu’apparemment, si l’on en croit les paroles de notre père Ibrahim عليه السلام, c’est de là que découle tout le reste.
Ya ALLAH, offre-nous la compagnie des gens pieux, la compagnie des gens bons, la compagnie des gens que Tu aimes, la compagnie des gens qui nous accompagneront et dont la route vers le paradis est agréable, avec qui il est agréable de voyager. Accorde-nous une subsistance, des fruits sains, de bonne qualité, qui nous rappellent toujours Ton existence. Ya ALLAH, compte-nous parmi les reconnaissants, car à quoi bon avoir tout cela si nous ne pouvons pas être reconnaissants ? Et à quoi bon se risquer à ce que tous ces bienfaits se retournent contre nous et témoignent contre nous le jour du jugement parce qu’on n’aura pas été reconnaissants ?
Ya ALLAH, nous Te demandons, je Te demande, et je me jure à Toi, qui m’écoutes, de préserver, d’honorer, de saluer notre mère, son fils Ismail عليه السلام, et son époux, notre père Ibrahim عليه السلام. Ya ALLAH, fais que le jour où nous retournerons au Paradis, nous ayons l’occasion de pouvoir la remercier en personne pour tout ce qu’elle a fait, pour sa persévérance, pour sa confiance totale en Toi, et pour sa patience.
Amin
Si cet article t’a plu, je suis sure que tu ne seras pas insensible à l’article sur notre mère Khadija رضي الله عنها !