Votre Oustadha Zaynab applique enfin ses propres conseils et sera en congé du 8 juillet au 31 août. Pendant cette période, je prends le temps de me reposer pour revenir avec une meilleure énergie. Seules les demandes et les mails concernant la formation "Coran de ma vie" seront traités par mon équipe. À très bientôt, insha'ALLAH.

Méditer le Coran comme tu respires

Temps de lecture estimé : <1 min.

Il y a énormément de miracles, d’enseignements, d’angles de vue et de particularités dans une seule ayah. Si le Prophète ﷺ s’était engagé dans l’explication en profondeur de chaque verset du Coran, il y aurait passé toutes ses journées. Il n’aurait pas eu assez de temps pour le reste de sa mission : être un prophète, un conseiller, un imam, un juge, un époux, un père, un ami, un chef des armées, un allié, un enseignant. Pourtant, son épouse disait de lui qu’il était un Coran marchant sur TerreSon comportement était le Coran, voilà la clé de la méditation du Coran. Ça passe par les agissements, apprendre à vivre le Coran en permanence. C’est possible grâce à une méditation constante. D’ailleurs, savais-tu qu’il était possible de méditer le Coran au quotidien, toute la journée, sans même le tenir dans les mains ?

Sommaire

Le verset qui a motivé l’article du jour

Traduction rapprochée du verset :

« Un Livre béni, que Nous avons fait descendre jusqu’à toi afin qu’ils réfléchissent sur ses signes et que ceux qui sont doués d’intelligence se rappellent »

– Sourate Sâd, verset 29

J’aime beaucoup cette ayah, car elle parle explicitement de notre mission et notre devoir vis-à-vis du Coran. C’est un des passages du Coran où il est clairement expliqué ce qui est attendu de nous.

La notion de baraka

Allah  ﷻ attribue au Coran une caractéristique, un adjectif, une spécificité en disant que c’est un kitab mubarak. On a déjà parlé de la notion de baraka, qui est traduite par « béni ».

Nous avions vu l’importance de partir du terme qu’Allah ﷻ a employé en arabe. Quand on parle de baraka, ce n’est pas uniquement la bénédiction. La bénédiction représente quelque chose d’infime par rapport à la définition entière. La baraka, dans son sens littéral, c’est :

  • Le fait d’obtenir plus de bienfaits qu’on ne l’avait espéré au départ,
  • le fait de faire ressortir de quelqu’un le meilleur de son potentiel.

Lorsque je demande la baraka à Allah ﷻ, je demande à la fois d’obtenir plus que ce que je peux espérer, et également de faire ressortir le meilleur de ce qui se trouve en moi, de mon potentiel. Et il n’y a qu’Allah ﷻ qui est capable de ça.

Tirer le potentiel du Coran

Si l’on revient au fait que le Coran a cette caractéristique de kitaboun mubarak, c’est donc un Livre qui procure de la baraka. Le Coran, par définition, lorsqu’on le fréquente, nous apporte au quotidien plus de bienfaits que ce qu’on peut escompter. C’est un pourvoyeur de bienfaits qu’on n’ose même pas espérer.

En fréquentant le Coran, on a également l’opportunité d’avoir un booster de potentiel. Le sens de cela est très beau. Ça part aussi de la définition que chacun d’entre nous a déjà un potentiel latent. Allah ﷻ le dit :

Nous avons certes créé l’Homme dans la forme la plus parfaite.
– Sourate At Tin, verset 4

Allah ﷻ a vraiment créé l’être humain de manière parfaite, sa conception a été perfectionnée. Mais après, c’est à nous d’en tirer le potentiel et de déployer cela.

C’est comme si l’on avait une pierre brute et l’on nous demande de la façonner, de la polir, de façon à ce qu’elle soit agréable à observer, qu’elle gagne de la valeur, etc. Analysez les pierres précieuses ou encore l’or. Celui-ci doit être chauffé à très haute température pour être nettoyé de ses impuretés, pour le polir, pour lui donner sa brillance, etc. Et seulement là, il peut aller sur le marché, peut être exposé. Il a alors la valeur et le potentiel qu’on lui accorde aujourd’hui.

Ça me fait penser aussi qu’Allah ﷻ parle souvent dans le Coran de l’eau et elle est souvent associée à quelque chose de mubarak — مَآءًۭ مُّبَٰرَكًۭا.

Si l’on revient à notre définition :

  • L’eau a le potentiel de donner plus de bienfaits que ce qu’on peut penser d’elle. C’est en effet décuplé pour les plantes, pour boire, pour abreuver les animaux. L’eau est utilisée dans beaucoup plus d’usages aujourd’hui.
  • L’eau a aussi cette particularité de faire ressortir le meilleur, le potentiel de ce qu’elle touche. C’est le cas de la graine par exemple. Elle augmente et active le potentiel d’une graine. On sait qu’elle a de la valeur, mais si elle reste sans eau elle restera à ce stade de graine. Elle a besoin d’eau pour activer son potentiel.

C’est ce que fait le Coran pour nous. À son contact, on passe de l’état de graine à un arbre solide, aux racines ancrées. C’est cela qu’on veut, on ne veut pas demeurer une graine toute notre vie !

Méditer le Coran au quotidien

Allah ﷻ nous dit donc que c’est un livre mubarak

« que Nous avons fait descendre jusqu’à toi »

en parlant du prophète Muhammad ,

« afin qu’ils réfléchissent, qu’ils méditent sur Ses signes. »

On a ainsi la définition de ce que le Coran est censé être pour nous. Il emploie le verbe تَدَبُّر – tadabbour pour parler de la méditation du Coran, que l’on va traduire approximativement par « méditation ». Le تَدَبُّر  tadabbour, la méditation du Coran, permet d’extraire le meilleur de notre potentiel.

À ton avis, où penses-tu que le Prophète Muhammad a puisé sa force, son courage, sa patience, son intelligence ? Tu me diras qu’il les a obtenus d’Allah ﷻ. Mais qu’est-ce que le Coran, si ce n’est la parole d’Allah ﷻ, pure ?

De la sourate al Fatiha à la sourate An-Nas, le Coran c’est la parole d’Allah ﷻ. Donc, lorsque Allah ﷻ mentionne le Prophète, Il parle de lui en disant que c’est sur lui que ce Livre mubarak a été descendu. Ce Coran, descendu sur le Prophète , a fait de lui une vitrine vivante du Coran, pour nous. On peut voir à travers le Prophète , ce potentiel que le Coran peut avoir sur nous. C’est un peu l’adaptation visuelle et physique du Coran. Mais l’objectif ultime de la descente du Coran, ce n’est pas qu’il soit descendu sur le Prophète , mais qu’on fasse la méditation de ses ayat.

Notre devoir vis-à-vis du Coran

Si le Prophète avait fait l’interprétation, en profondeur, de toutes les ayat, quelle part il nous resterait ? Déjà, il n’aurait pas pu le faire avec le temps qui lui était imparti et les responsabilités qu’il avait. S’il avait fait tout cet effort de méditation (sans même parler d’interprétation et d’explications), verset par verset, qu’est-ce qu’il nous resterait à faire ?

Lorsqu’on arrive quelque part et que le travail est déjà fait, est-on motivé à revenir dessus ? C’est comme si vous ouvrez votre cahier de textes à l’école, et que vous voyez que vous avez des exercices à faire sur une certaine page de votre livre de grammaire. Vous ouvrez ce livre à la bonne page, et vous découvrez que les exercices demandés sont préalablement faits. Auriez-vous envie d’aller chercher votre crayon pour faire les exercices ? À la limite, vous allez lire la leçon pour pouvoir répondre à l’enseignant, mais sans plus. Vous n’aurez ni l’impression d’avoir fait l’effort de comprendre, ni assimilé la leçon correctement. En effet, on sait que si l’on ne s’exerce pas, on n’apprend pas correctement. Si je n’ai pas bien assimilé quelque chose, je ne peux pas l’appliquer. Ainsi, je ne peux pas progresser dans ce domaine.

Dans تَدَبُّر tadabbour, on a دُبُر « doubour », qui veut dire « derrière », c’est donc le fait de regarder derrière quelque chose. C’est un terme aussi employé en français lorsqu’on dit « Il faut regarder ce qu’il y a derrière ce qu’elle a voulu dire, etc. ».

Allah ﷻ a employé, bien avant nous, ces expressions. Avec تَدَبُّر tadabbour, Allah ﷻ nous dit qu’il nous donne les signes, les ayat, mais nous demande, littéralement, de chercher derrière celles-ci. C’est un devoir, un exercice, qu’Allah  nous donne à faire quotidiennement. C’est comme un devoir sur table, à faire tous les jours.

Lorsque je parle de تَدَبُّر tadabbour, j’aime bien employer la métaphore de la dissertation de français. Quoi que tu écrives, tu ne pourras rien changer de l’œuvre étudiée. Mais pour autant, parmi tous les élèves d’une même classe, existera-t-il deux dissertations identiques ? Dans l’analyse du texte, l’élaboration de la problématique, est-ce que deux élèves pourraient rendre des copies similaires ? Non, il y aura autant de versions de cette dissertation qu’il y aura d’élèves. Pour autant, est-ce qu’un élève aura faux dans sa dissertation, et un autre qui aura tout juste ? Non ! Certains auront poussé la réflexion loin, voire très loin, en ayant fait de gros efforts dans leurs recherches. D’autres resteront en surface ; ils vont faire l’exercice, ils vont rendre leur copie, mais ça ne sera pas très profond. D’autres encore, n’essayeront même pas de faire un plan de dissertation ! Et l’œuvre étudiée ? Inchangée.

Méditer le Coran au quotidien avec ce que nous vivons

Pour le Coran, c’est le même raisonnement. Allah ﷻ avait ce raisonnement pour nous. La grammaire, les récits, les métaphores seront ce qu’elles sont. Elles ne changent pas. Le tafsir des savants nous aide à la compréhension de la linguistique, de la grammaire, de la temporalité, de l’historique, du contexte de révélation, etc. Ce tafsir est réalisé par des savants, habilités à le faire, qui ont consacré leur vie à cette étude.

La méditation, le تَدَبُّر tadabbour, c’est le fait de chercher derrière les mots, derrière les signes, de chercher de la profondeur. Cela nous incombe, à nous. Notre devenir en dépend, car le déploiement de notre potentiel latent en dépend. La graine en nous qui doit devenir un arbre solide en dépend.
Chaque personne fera finalement son exercice différemment. Son تَدَبُّر tadabbour sera distinct de celui de son voisin. C’est pourquoi deux personnes ne vont pas méditer le Coran de la même façon. Pour autant, on ne pourra pas dire que l’un a tort et l’autre a raison. Si j’entends dans une ayah :

وَجَعَلْنَا ٱلَّيْلَ لِبَاسًا
Et nous avons fait de la nuit un vêtement

– Sourate an Naba — verset 10

On pourrait se dire qu’au niveau de la grammaire, de la linguistique, il n’y a pas de divergence possible. Pourtant, une personne lambda va méditer la ayah d’une façon et la deuxième personne va la méditer d’une autre manière. Pour autant, les deux auront raison.

Tu l’auras compris, la méditation dépend beaucoup :

  • de ton vécu,
  • de ton expérience,
  • du niveau où tu en es,
  • de ton état émotionnel, etc.

Concrètement, prenons le cas de deux personnes qui lisent la ayah que nous avons vue.

⇒ La première personne est quelqu’un qui ne dort pas assez, qui a tendance à veiller tard la nuit. Elle fait beaucoup de tâches qu’elle n’a pas eu le temps de faire la journée. Elle les fait déborder la nuit, au point de se coucher à une heure ou deux heures du matin.

Lorsque cette personne va lire cette ayah, elle peut l’entendre comme un rappel bienveillant. Elle va se dire qu’effectivement, elle veille trop tard, pensant qu’elle sera productive alors qu’en fait la nuit est faite pour se reposer.

En effet, ce que je rate en termes de sommeil, de régénération, je ne pourrai pas le récupérer dans une journée, ni avec une sieste, ni en dormant plus longtemps la journée, ni en me réveillant plus tard. C’est un coche que je loupe.

Alors que si je dormais un peu mieux, en sachant qu’Allah ﷻ a fait de la nuit un vêtement, un moment qui est couvrant et régénérant. Ce qui nous couvre nous protège, nous embellit. Nos vêtements, au-delà de nous envelopper et nous embellir, font aussi notre personnalité, notre caractère, nous donnent une allure. En ne profitant pas de la nuit, je ne profite pas de ce vêtement qu’Allah ﷻ m’offre. Donc, je me condamne à porter un vêtement inconfortable, qui ne me correspond pas, qui n’est pas assez couvrant, qui n’est pas assez chaud alors que j’ai froid, qui ne me donne pas l’allure et la prestance que je voudrais. Je l’ai porté au mauvais moment et je n’en ai pas profité au moment où l’on me l’a donné.

Une personne pourra donc l’interpréter et le ressentir comme cela. Et du coup, ce qu’il va mettre en place par rapport à cette ayah sera différent.

⇒ La deuxième personne dort vraiment beaucoup, mais pas seulement la nuit. Elle dort très tôt, se lève tard, et va même faire une sieste la journée.

Cette personne-là, si elle lit cette ayah et qu’elle se remet en question, va certainement se dire que si Allah ﷻ a dit que la nuit était censée être un vêtement couvrant, ça veut dire aussi qu’Il n’a pas parlé de ça pour la journée. La journée n’est donc pas consacrée à dormir, sinon Il l’aurait dit.

Mais ça me fait aller chercher d’autres ayat, et je vais en trouver qui parlent de la journée, de tout ce qui se passe le jour. C’est d’ailleurs très beau, car dans le Coran, Allah ﷻ attribue des caractéristiques et des tâches à la nuit et au jour. Une personne qui sait se remettre en question se dira que c’est comme si elle portait un manteau à la fois quand il fait froid, mais aussi lorsqu’il fait chaud. La nuit, il fait froid, je mets un manteau, et la journée il fait chaud alors je m’active, et me défais de quelques couches de vêtements.

C’est vraiment une réflexion très rapide que je te donne ici, mais c’est pour te dire que selon l’état d’une personne à l’autre, alors le تَدَبُّر tadabbour ne va pas être pareil. Chacun ne va pas « chercher derrière » les ayat de la même façon.

Est-ce que tout le monde peut méditer le Coran ?

C’est une erreur commune de penser qu’il y a un danger à interpréter, à méditer sur le Coran. Certains se diront qu’ils n’ont pas les compétences ou qu’ils ne sont pas habilités à cela. Certains diront aussi qu’il ne faut pas interpréter seul, dans son coin, car on risquerait de se tromper et de mal appliquer.

En gros, leur raisonnement c’est de se dire que dans le doute, il ne valait mieux pas interpréter et méditer. Il serait donc préférable de ne rien faire, plutôt que de prendre le risque de méditer une ayah un peu dans son coin et d’avoir son propre ressenti.

À ce raisonnement, j’ai envie de conseiller de retourner aux bases, tout simplement. Pensez aux premiers qui ont reçu le Coran, les Compagnons, mais aussi le Prophète lui-même. Il faut se dire que la première audience du Coran était non-musulmane avant sa révélation.

Avant que le Coran ne soit révélé, Abu Bakr As Siddiq, le compagnon et grand ami du Prophète , n’était ni imam, ni interprète, ni un grand savant. Il en était de même pour Omar Ibn al Khattab, et pour toutes ces personnes qui sont devenues plus tard des savants du Coran.

Si ces personnes avaient suivi ce raisonnement et n’avaient pas voulu prendre le « risque de mal interpréter », alors on n’aurait pas accès au Coran en 2022. Ces personnes-là ont fait l’effort, elles ont médité. Le Coran a été révélé, et elles sont tombées sur ces ayat qui nous invitent à la méditation. Elles ont, tout simplement, appliqué ce qu’Allah ﷻ disait.

Ils ont alors utilisé toute leur expérience et leur quotidien. Et il faut dire que le Coran a été révélé à leur époque et donc répondait à leur vécu, aux évènements qu’ils traversaient, etc. Ils avaient le terrain propice pour vivre le Coran. Ils ont été la première communauté à recevoir le Coran, donc c’est normal que le Coran ait répondu aux évènements de l’instauration de l’Islam.

S’approprier les versets

Ces Compagnons n’étaient pas des imams avant la révélation du Coran, mais ils avaient une particularité, ils se posaient des questions. Ils se demandaient des choses, ils avaient le souci de s’approprier le contenu de la ayah qu’ils lisaient. Ils s’interrogeaient sur ce qu’ils pouvaient tirer de chaque ayah. Il fallait qu’ils puissent l’appliquer, et ils étaient en plus au cœur de l’action.

Ils étaient à la fois persécutés, ils disaient des choses que leur peuple n’avait jamais entendues et ne voulait pas entendre, il fallait donc que ce soit solide. La méditation était pour eux quelque chose de vital, c’était une question de survie. Ils n’avaient pas le choix, ils devaient trouver des réponses et les appliquer, les incarner. Ces réponses devaient servir de bouclier et d’attaque face aux mécréants. Ils ont très bien compris qu’ils ne pouvaient pas, sur ce terrain hostile, rester au stade de graine. Il fallait devenir un arbre solide, aux racines ancrées, au tronc solide. Un arbre que le vent ne pourrait pas faire tomber. C’est comme cela qu’on doit vivre le Coran.

Les qualités requises pour méditer le Coran

Maintenant, j’aimerais m’attarder un peu plus sur les requis, le fait d’être qualifié pour la méditation. Il nous est demandé de méditer, mais il faut se qualifier pour cela. Alors comment ?

  1. Par l’humilité : je demande quand je ne sais pas, plutôt que de me dire que je n’ai pas le niveau et donc ne pas méditer. J’insinuerais ainsi que je n’ai pas besoin des ayat d’Allah ﷻ pour explorer mon potentiel. C’est pourtant notre rôle d’adorer Allah ﷻ en utilisant le potentiel qu’Il a placé en nous.
  2. Par la simplicité : me poser les grandes questions d’abord, puis approfondir.
  3. Par le lâcher-prise : si j’ai des pensées négatives, je ne pourrais rien tirer du Coran. C’est aussi le cas si je ne me sens pas capable, si je me dis que c’est trop dur, si je n’ai pas une bonne opinion d’Allah ﷻ, si je pense qu’il y a des injustices dans le Coran, si je n’ai pas appris à cultiver le hamd.
  4. Par la confiance en Allah et la sincérité. Je ne dois pas essayer de faire conformer le Coran à ce que je veux. Je fais confiance à Allah ﷻ, je me sens en sécurité avec Sa parole. Je sais qu’Il me veut du bien. Je me conforme donc avec humilité aux enseignements et au sens du Coran. Je ne le remets pas en question, je ME remets en question. Je ne pose pas de questions sur le bien-fondé des ayat, je me pose des questions sur le bien-fondé de MES agissements.

La méditation du Coran en toutes circonstances

On dit dans le langage courant qu’une personne ment comme elle respire, elle a tellement l’habitude de mentir que c’est devenu son mode de parole. Toi, tu as l’occasion de méditer le Coran comme tu respires. Si tu le médites comme tu respires, tu arrives à obtenir le meilleur et le plus gros potentiel en toi.

Quand je parle de méditation constante du Coran, et d’avoir la compagnie du Coran tout au long de la journée, c’est le même principe. Il faut te poser les bonnes questions sur tes tâches du jour, réfléchir à tes pas dans la journée, analyser si ce que tu as fait aujourd’hui a contribué à nourrir cette graine en toi.

 La prière du Fajr

Par exemple, je me réveille tôt et je prie al fajr. Je me demande pourquoi je le fais, si je le fais correctement, si j’ai grandi sur ce point-là par rapport à la semaine précédente. Et là, la ayah qui me vient en tête :

أَقِمِ الصَّلاَةَ لِدُلُوكِ الشَّمْسِ إِلَى غَسَقِ اللَّيْلِ وَقُرْآنَ الْفَجْرِ إِنَّ قُرْآنَ الْفَجْرِ كَانَ مَشْهُودًا
Accomplis la prière (salât) du déclin du soleil jusqu’à la tombée de la nuit, et fais la Lecture à l’aube, car la récitation du Coran à l’aube a des témoins.

– Sourate al Isra, verset 78

Les enfants

J’accompagne mes enfants à l’école. Je me dis que je suis celle à qui Allah ﷻ a fait confiance parmi toutes Ses créatures, pour élever ces enfants. Je peux me demander si ce que j’ai fait pour eux, avec eux, a contribué à élever leur rang auprès d’Allah ﷻ. Ai-je été pour eux une mère envers laquelle ils pourront plus facilement appliquer la bienfaisance envers les parents ? La ayah qui va accompagner cette méditation sera parmi toutes les ayat qui parlent de la bienfaisance envers les parents, celles qui parlent aussi de l’éducation, de ce que le parent apporte à ses enfants, ses responsabilités.

Mon travail en tant que médecin

Je me rends à l’hôpital pour travailler. Je peux me demander si j’ai intégré dans mon esprit que je ne suis qu’un vecteur, et que la guérison provient d’Allahﷻ Seul. Est-ce que je me suis rappelé que j’ai l’opportunité de faire la visite du malade pendant toute ma journée de travail ? Ai-je grandi en tant que médecin aujourd’hui ? La ayah qui pourra m’aider dans cette méditation :

وَإِذَا مَرِضْتُ فَهُوَ يَشْفِينِ
et quand je suis malade, c’est Lui qui me guérit

– Sourate Ash Shu’ara, verset 80

Le Coran est une guérison en lui-même et Allah ﷻ est le Seul qui guérit. Et le Coran est la parole d’Allah ﷻ.

La boulangère

Une boulangère peut se demander le matin : « Ai-je gardé en tête que j’ai la possibilité de nourrir beaucoup de gens aujourd’hui et que ça constitue un des plus grands bienfaits, et des meilleures actions que quelqu’un puisse faire ? ». Ou encore : « Est-ce que j’ai vérifié que tous mes ingrédients sont halal ? », « Est-ce que j’ai pensé à donner le surplus de mes productions à des personnes dans le besoin plutôt que de les jeter ? On pourrait ici penser à cette ayah du Coran :

وَيُطْعِمُونَ الطَّعَامَ عَلَى حُبِّهِ مِسْكِينًا وَيَتِيمًا وَأَسِيرًا
Ils offrent leur nourriture préférée aux pauvres, aux orphelins et au prisonnier

– Sourate Al Insan, verset 8

Méditer le Coran partout, tout le temps

Tu te rends compte que les possibilités de méditation du Coran sont constantes, et dans tous les exemples que je t’ai cités, tu n’as pas le Coran entre les mains.

Quand je suis à l’hôpital, au chevet de mes patients, je n’ai pas le Coran dans mes mains. Pourtant, ça ne dépend que de moi, j’ai le choix de voir le Coran dans tout ce que je fais. Ça demande une méditation constante, mais j’ai le Coran en ma compagnie si je le décide.

C’est le même procédé pour la boulangère, pendant qu’elle prépare, qu’elle vend, qu’elle expose, qu’elle répond aux clients. Toutes ces choses-là contribuent à la méditation du Coran. Avec les clients, on pense à la bonne parole كَلِمَةًۭ طَيِّبَةًۭ précisée à plusieurs reprises dans le Coran. La bonne parole est semblable à un arbre roi, enraciné, solide.

Dans une profession où l’on est en contact avec des clients ou des patients, on parle beaucoup dans une journée. D’ailleurs en tant que médecin, on sait notamment que la bonne parole contribue au soin du malade, à sa guérison.

De la même façon, pour n’importe quel commerçant qui traite bien ses clients.

  • Il sourit,
  • Il rend la monnaie avec gentillesse,
  • Il demande comment a été la journée,
  • Il a mémorisé vos habitudes d’achat,
  • Il vous souhaite une agréable journée.

Est-ce que ça ne contribue pas à votre bonne humeur ?

C’est un soin accordé qui est passé par la bonne parole. Où cette personne puise-t-elle la bonne parole ? Qui a parlé d’avoir une bonne parole ? Qui a dit qu’une bonne parole est semblable à un arbre enraciné et droit, avec de belles feuilles ?

C’est notre Coran. Et tout ça, c’est de la méditation.

Tout notre environnement pour méditer le Coran

Lorsque tu prends le temps d’aller contempler l’envol d’un oiseau, tu médites sur les ayat du Coran qui nous demandent littéralement d’aller admirer les oiseaux. Des ayat parlent de cela, des rangées qu’ils font ensemble en volant dans les airs.

Est-ce que tu penses que la méditation, l’interprétation de cette ayah, c’est d’ouvrir un livre de tafsir et de creuser tout ce qu’Allah ﷻ a voulu dire derrière le fait qu’un oiseau prend son envol ? Quand je vois une sœur buter sur ce genre de ayah, j’ai envie de lui dire :

“Ma sœur, lève-toi, va te promener, et lève la tête !”

Il y a beaucoup de choses qui vont ensuite découler de cela. Tu vas analyser ces oiseaux en groupe et tu vas penser au hadith du Prophète :

“Si vous placiez votre confiance en Allah ﷻ comme il se doit, Il vous donnerait certes votre subsistance comme Il la donne à l’oiseau qui part le matin le ventre vide et revient le soir le ventre plein”.

– Rapporté par Tirmidhi

Cela peut aussi te faire penser au chant des oiseaux, et au chant du Prophète Daoud. On sait que c’était un Prophète qui savait parler le langage des oiseaux. Il faisait son tasbih le matin en chantonnant avec le langage des oiseaux. Et les oiseaux le rejoignaient pour faire le tasbih aussi.

Lorsqu’on voit un oiseau qui chante le matin, ou qui prend son envol, ça doit directement nous faire penser à faire du dhikr. Un oiseau qui chante, c’est un oiseau qui fait le dhikr, qui chante les louanges d’Allah ﷻ. Regardez cet oiseau, méditez sur l’envol de ces oiseaux, sur leurs chants, ça nous renvoie directement à notre Coran. Voilà une méditation constante.

Le Coran nous demande de nous dégourdir, d’observer, de bouger, de grandir, d’arroser cette graine en nous. Et une graine ne s’arrose pas dans le noir, dans une pièce. Il faut aller dans la nature, il faut de la lumière, du soleil, de l’air, de l’eau, etc.

Comment méditer le Coran facilement ?

Je vais te donner 3 astuces pour méditer facilement les ayat du Coran. Il y en a beaucoup plus, mais on va en voir trois grandes.

  1. Se poser des questions simples, mais efficaces :
    • Que puis-je mettre en place comme nouvelle habitude juste avec cette ayah ?
    • Quelle invocation puis-je formuler à partir de cette ayah seule ? Toute ayah est transformable en douaa !
    • Quelle est la leçon qu’Allah ﷻ a voulu que je comprenne de cette ayah ?
    • Si je devais donner cette ayah en conseil à une amie, ce serait pour résoudre quel problème ?
    • Qu’est-ce qu’Allah ﷻ veut de moi dans cette ayah, concrètement ? C’est une question que je me pose personnellement, et ça m’aide à aller droit au but.
  2. De faire l’exercice de méditation avec un enfant. L’esprit vif d’un enfant, son innocence, sa simplicité sont un excellent booster pour faciliter la méditation. Je t’invite à le faire avec tes enfants, tes neveux et nièces, les enfants de ton amie. C’est passionnant !
  3. Imaginer que c’est un ami qui est en train de te parler et ce qu’il te dit, donc cette ayah, est la réponse exacte à un problème dans ta vie.Voilà trois astuces faciles à mettre en place pour lesquelles tu auras beaucoup de résultats inshaAllah.

J’aimerais partager avec toi une des choses que je rêve de savourer au Paradis, ce sont les magnifiques explications d’Allah ﷻ Lui-même sur le sens de certains mystères dans le Coran, notamment ces lettres isolées, comme dans la sourate Sâd, qui commence justement par la lettre Sâd. On les appelle en arabe hourouf mouqatta’ât. Qu’Allah ﷻ nous compte parmi les habitants du Paradis. J’aimerais terminer en te disant que le Prophète ne savait pas lire. Il n’avait pas de livre entre les mains à longueur de journée pour méditer le Coran, pourtant il était en méditation constante, au point que le Coran se dessine dans son comportement de base. Médite ton Coran comme tu respires et tu te verras devenir un arbre droit, aux racines et au tronc solide que ni vent ni tempête ne pourrait faire tomber.

Merci pour cette attention, n’hésite pas à t’abonner au podcast pour profiter de ces réflexions sous format audio, ainsi qu’à mon compte Instagram. Tu peux aussi partager en commentaires ce que cet article t’a inspiré. Je confie à Allah ﷻ le soin de préserver ta foi, ton honneur et ton cœur.

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