Les présentations, avec Zina Hamzaoui Je suis Zina Hamzaoui , une femme née à Paris il y a maintenant 33 ans. Je suis installée en Belgique depuis quelques années. J’ai toujours été intéressée par les sujets liés à la santé, à la féminité, au couple et très simplement j’en ai fait mon métier. Je me suis formée, je suis devenue sage-femme, sexologue clinicienne et thérapeute de couple. C’est un métier qui ne court pas les rues, et pourtant qui répond à une grande demande. Ça me réjouit au quotidien de pouvoir apporter ma pierre à l’édifice et de pouvoir soulager les futurs couples dans cette préparation, mais aussi les couples dans leurs réparations. Je suis installée en Belgique où j’ai d’ailleurs ouvert, avec d’autres collaborateurs, le centre Mizen .
Tu as cette qualité que j’apprécie beaucoup, c’est de rappeler aux couples qu’ils sont une seule et même équipe, et qu’ils ne sont pas des adversaires. C’est finalement aberrant de vivre avec son concurrent.
Oui tout à fait, je leur pose souvent la question :
« Est-ce que vous êtes en mode duo ou en mode duel » ?
C’est une question très courte, mais qui en dit long ! Ensemble, ou l’un contre l’autre !
Comme je le fais avec mes autres invités, j’aimerais que tu nous partages ton mot préféré dans ton Coran et que tu nous expliques pourquoi ce mot-là.
J’ai envie de dire que ce sont les dérivés du mot Rahma qui reviennent tout au long du Coran, comme Rahim, Rahman, Rahma … Déjà dans la basmala , on est servis presque à chaque sourate.
Ça me parle énormément dans ma fonction de sage-femme. C’est un point que tu as d’ailleurs déjà pris le temps d’expliquer dans des épisodes. C’est un mot dont on pense souvent qu’il se résume à Miséricorde, Miséricordieux. En fait, quand on le lit et qu’on le comprend avec cette question d’amour inconditionnel, cet amour qu’une mère porte à son enfant, et la corrélation vue avec le terme « utérus ». Si ce mot rythme notre Coran autant de fois, c’est pour moi lourd de sens.
Dans le dernier épisode, Firdaws a donné le même mot ! Je trouve ça très beau que ce soit le terme qui revient lorsqu’on pense au Coran. Alors Zina, de quoi va-t-on parler aujourd’hui ?
On va parler de couple, de préparation, de se préparer plutôt que de réparer.
Le trousseau des mariés Avec mon collègue Oussama Jammal à Bruxelles, on organise également un séminaire sur la préparation au mariage. On a un peu importé ce qui se passe en Malaisie, où les gens, avant de se marier, étudient, assistent à un séminaire, pour comprendre :
le rôle de chacun, comment fonctionne un couple, les différents problèmes que l’on peut rencontrer, comment y faire face, comment rebondir, comment se passe la vie intime, etc. Dans ce séminaire, l’idée c’est vraiment que les futurs mariés puissent avoir leur « trousseau ».
Je suis d’origine tunisienne et comme dans beaucoup de cultures, les mariées vont préparer des valises avec plein de vêtements, la vaisselle, des éléments de décoration, du maquillage, etc.
On avait envie de sortir de ce concept matérialiste du « trousseau ». C’est une formation ouverte aux femmes et aux hommes. C’est aussi un message envoyé aux parents, pour leur demander de réfléchir au bagage qu’ils souhaitent donner à leurs enfants pour qu’ils puissent arriver dans un mariage avec un bon bagage.
Le verset qui a motivé l’épisode du jour Je trouve que cette ayah est très marquante pour le sujet, car elle crée cette cohésion : on est issus d’un même couple, que c’est une personne qui a été créée à partir d’une autre et qu’à partir de ces deux personnes, beaucoup d’hommes et de femmes ont été créés.
Allah ﷻ emploie le terme de zawj , qui signifie le conjoint ou la conjointe. Donc Allah ﷻ a assigné une conjointe, et cette cohésion-là a permis à l’humanité de fleurir. Comme pour nous dire que si cette base n’était pas là, il n’y aurait pas tous ces hommes et ces femmes pour lire cette sourate.
La sourate An Nissa est riche, complexe, mais magnifique ! Je trouve que cette ayah replace tout. Allah ﷻ nous fait ce rappel : « taqwAllah » qui est traduit tantôt par Craignez Allah , et tantôt par « prenez garde à Allah » ou par « ayez conscience d’Allah » dans tout ce que vous faites, et je pense que c’est une traduction qui englobe tout.
Allah ﷻ rappelle aussi dans cette ayah qu’il faut prendre garde à Lui, prendre conscience de Lui. De la même façon, Il dit aussi qu’il faut prendre conscience des matrices (comprendre ici utérus). C’est en effet le siège de l’Humanité et c’est à la femme qu’il a confié de le contenir. Comme pour rappeler le rôle de l’homme vis-à-vis de son épouse. Prendre soin de ces matrices, car tu en es issu et que toute l’humanité en sera issue. Ce message est donc pour les hommes, mais aussi pour les femmes ! Elles doivent avoir conscience de leur valeur et prendre garde à ces matrices-là.
Finalement, les deux doivent prendre conscience de cette valeur. La matrice est à l’intérieur de la femme, mais elle bénéficie aux deux.
Prendre soin, c’est avant tout connaître Prendre soin, c’est déjà être à l’écoute des signaux que ces utérus vont envoyer. Quand une femme n’est pas sous contraception hormonale, elle va être cyclique. En fonction de son cycle menstruel, elle va avoir des moments où elle va être :
pleine d’énergie, plus fatiguée, plus sensible, agréable moins agréable. Quand une femme connait son cycle, est à l’écoute de son utérus, et à l’écoute de ses changements internes, ça va être beaucoup plus facile pour elle de les expliquer à son époux.
Un homme saura s’adapter dès lors qu’il va développer sa capacité à être à l’écoute de son épouse et qui va être en mesure d’observer ces changements-là. Par l’écoute et la découverte, les deux époux vont grandir ensemble.
Avant tout, ça commence par se connaître soi en temps que femme. Je suis toujours étonnée du nombre de femmes qui découvrent comment fonctionne un cycle menstruel. Parfois, une fois qu’elles sont mariées voire, après avoir eu des enfants. C’est incroyable, on devrait apprendre ça au moment de la puberté ! On devrait apprendre ça à nos filles et à nos garçons pour faire d’eux des adultes riches de connaissances. Beaucoup découvrent cela durant un projet bébé.
Cette idée de trousseau, c’est aussi avoir des connaissances qui peuvent paraître secondaires alors qu’elles sont hyper importantes.
Le mariage, la moitié de la foi ? Dans les épisodes précédents, on a évoqué pas mal de mots-clés :
la recherche de la sakina la mawadda et la rahma l’homme qawwam la femme saliha Aujourd’hui, on a d’autres notions encore qui rentrent en compte. On va ajouter de nouveaux mots-clés, comme celui de « zawj ».
C’est très important de bien garder en tête cette notion. On entend souvent « le mariage, c’est la moitié de la foi », mais on le comprend comme quelque chose d’accompli une fois le mariage prononcé. Non, on espère que tu arrives dans le mariage en ayant déjà accompli une partie, et que le mariage va venir travailler la suite.
Ton époux, ton épouse, va te permettre de t’améliorer, de développer la meilleure version de toi-même. Quand on se marie, l’autre va nous voir dans notre vraie nature. On va être intimes au sens psychique. L’autre va nous découvrir, parfois appuyer là où ça fait mal.
Quand l’un et l’autre ont compris qu’elle était la source de leur sakina , ils sont à l’écoute. Ils échangent sur les paroles qui leur font du mal, ils décident de travailler sur telle ou telle chose. L’un et l’autre viennent se compléter. Ils avancent et forment une entité « couple » qui va grandir.
Parfois, il y en a un qui a des compétences donc il gère ces choses en question. À l’inverse, si l’on admet que l’autre a davantage de compétences, alors on laisse l’autre gérer. Chacun va avoir des facilités, des aptitudes, à gérer ou non certaines situations. Ils vont donc apprendre à se faire confiance et grandir ensemble. C’est ainsi que chacun est une source de paix pour l’autre.
Les désaccords dans le couple On dit que l’une des règles des couples heureux, c’est d’être d’accord d’avoir des désaccords.
Quand on a compris que l’un et l’autre, on est là pour s’aider, avancer, grandir, alors on s’amuse, on est plus authentiques, spontanés, etc.
Ainsi, on n’est plus dans ces calculs, dans ces règlements de compte, car on n’a pas la peur d’être jugé par l’autre vu qu’il est là pour me compléter. C’est un des ingrédients des couples qui vont bien, c’est être convaincu que l’autre a une bonne intention.
La bonne intention et le bon soupçon À partir du moment où tu doutes de l’intention de l’autre, c’est le début de la fin. « Zawj » est censé installer la sécurité. Normalement, je me marie pour trouver ma paix, ma sakina , donc toi en tant qu’époux ou épouse tu dois y contribuer. Si tu doutes de moi, tout ce que je vais faire est perdu d’avance.
C’est toujours facile de discuter de ce que l’autre fait. Mais il faut se responsabiliser quand on se marie :
Qu’est-ce que je fais pour répondre à mes responsabilités ? Qu’est-ce que moi j’apporte ? Comment je contribue au bien-être de cette entité « zawj » ? Comment les hommes peuvent démarrer, en tant que qawwam, dans le mariage ? L’homme est par nature qawwam avec les membres de sa famille. Cependant, il n’aura pas le même rôle avec son épouse. Il doit alors passer par plusieurs étapes.
Connaître ses valeurs Il doit se demander :
quelles sont les valeurs qui, pour moi, sont fondamentales, quels sont les mots-clés auxquels les gens vont m’identifier en pensant à moi ? Quelles sont les valeurs qui me caractérisent ? Dans quelle mesure, dans mon quotidien, je vis ces valeurs-là ? Dans ma relation avec mon épouse, comme je fais paraître ces valeurs pour qu’elle puisse les sentir ? Comprendre son épouse Il doit s’intéresser aux valeurs de son épouse.
Quelles sont les valeurs qui l’ont attiré chez cette femme ? Comment lui montrer que ces valeurs lui parlent aussi ? Dans un couple qui fonctionne bien, on n’est pas obligé d’avoir exactement la même liste de valeurs, mais il y en a certaines qui doivent être similaires. Après, on va un peu rejoindre le monde de l’autre.
Par exemple, si l’homme n’est pas très joyeux, pas très amusant, mais qu’il sait que c’est important pour son épouse, alors il va un peu relâcher son côté « sérieux », la surprendre, etc.
Comment les femmes peuvent-elles partir du bon pied dans leur mariage ? Conscientiser ses valeurs De la même façon que pour l’homme, c’est une étape essentielle.
Être prête à abandonner de fausses croyances Il faut faire un tri des croyances que l’on a par rapport au couple. C’est un conseil valable pour les hommes aussi. Il faut arriver en paix dans le mariage et avoir le bon soupçon.
Exprimer clairement ses besoins. C’est une erreur souvent faite par les femmes : attendre d’être comprise, que l’autre devine, etc. En fait, il s’agit de bien avoir en tête que l’homme et la femme ne réfléchissent pas forcément de la même manière.
Elle doit exprimer ses besoins et ne pas se dire « je me donne à 150 % » pour faire la super-épouse en pensant recevoir en retour. Fais ce que tu peux faire, pas moins, pas plus. Il y a souvent de la frustration.
On dit souvent qu’il faut donner sans attendre en retour, mais dans le mariage, ça ne fonctionne pas, et c’est humain !
On a envie de donner, de s’investir, et on attend indirectement ce fameux « retour sur investissement » : un merci, une reconnaissance, une considération, etc.
Il ne faut pas commencer à :
calculer, être sur la défensive, attendre le faux pas, souligner ce qui ne va pas. Non, tranquillement, on va construire la relation ensemble.
Parfois, il faut fermer les yeux. Au début du mariage, on est généralement un peu aveuglés. Mais, au fil du temps, cette lune de miel va s’estomper. Les conseils vont donc être différents en fonction de la phase dans laquelle se trouve le couple.
Instaurer des règles dans le couple, une bonne idée ? C’est un des points développés dans le cadre du séminaire de préparation au mariage : les règles du couple.
En effet, on invite l’époux et l’épouse à lister les règles de la maison. Ça peut être :
prévenir quand on est en retard, manger au moins un repas ensemble, attendre l’autre pour prier, etc. Des règles simples, basiques, mais qui vont permettre d’instaurer des rituels. L’être humain a besoin de rituels. Ça crée de la sécurité. Quand on déroge à ces rituels, on s’interroge alors dessus et on échange à ce sujet.
Instaurer ces règles, c’est un bon point de départ. Puis, il faut à chaque fois y revenir.
On donne souvent l’exemple de l’entreprise. Le lundi matin, on a une réunion pour faire le point sur la semaine qui s’est écoulée, ce qui s’est bien passé, les points de vigilance, nos attentes, etc.
Il y a des couples qui peuvent passer parfois des mois sans se poser, sans discuter sur ces fameux rituels, faire une mise au point. C’est en quelque sorte l’assemblée générale du couple ! Ça amène un cadre, mais surtout, on se soucie de l’entité couple, et on prend soin de nous. Ce sont des rituels à instaurer le plus tôt possible.
Se fixer une ligne rouge à ne pas franchir C’est quelque chose que l’on peut observer chez les couples qui consultent. Certains banalisent l’idée du divorce en l’évoquant à chaque dispute. On ne sait pas si l’autre est sérieux, s’il a vraiment envie de se séparer, si le problème est si grave que ça ou non. Ce sont vraiment des règles de bonne conduite à instaurer au sein du couple :
on ne se manque pas de respect, on ne se dénigre pas, on ne s’insulte pas, etc. D’ailleurs, à ce sujet on n’imagine pas le nombre de personnes qui ont l’insulte facile. C’est à bannir tant c’est inadmissible dans notre communauté.
Comment une langue qui évoque son Seigneur peut aussi insulter ?
C’est souvent le cas des personnes très nerveuses, qui n’arrivent pas à gérer les excès de mal-être. On peut ne pas être en accord, être en colère, mais on discute de la manière dont on va gérer les conflits. On peut établir une règle de manière commune pour leur bien-être à tous les deux.
Par exemple : quand on s’énerve, on change de pièce chacun, on se donne trente minutes et on en rediscute.
Des règles vouées à évoluer Ces règles ne sont pas figées, elles peuvent évoluer. En effet, quand on avance en âge dans le couple, on est censés :
se réconcilier de plus en plus vite, comprendre que l’autre est là pour notre bien-être aussi, voir disparaître des sources de conflits, constater que le temps de dispute va s’écourter. Tout cela a lieu dès lors que l’un et l’autre ont fait un travail de gestion de la colère et ont pris le temps de débriefer les conflits.
Quand il y a un conflit, on ne le met pas sous le tapis. Les « ce n’est rien », ou « il n’y a rien », ne vont faire que s’accumuler et ils finiront par ressortir, avec souvent des détails très précis !
Le vrai pardon Quand on pardonne, c’est archivé, affaire classée. Si on pardonne réellement, on ne revient plus dessus.
Zaynab : C’est d’ailleurs la règle normalement. Quand Allah pardonne à quelqu’un, ça fait partie de la bienséance de ne pas rappeler à la personne son péché ou son erreur. C’est entre elle et Allah. On n’a aucun droit de l’évoquer !
D’ailleurs, on se rend compte que ça devient un combat d’égo. Tu m’as fait mal, alors je vais ressortir aussi un dossier pour te faire mal. Quand tu prends du recul, tu te rends compte à quel point c’était petit. Et on se rappelle que « zawj » est là pour nous faire grandir.
C’est un petit clin d’œil à tous les rancuniers et les rancunières !
Le mariage est là pour nous réformer. C’est un travail sur soi, sur nos défauts, nos points à améliorer. Il nous aide à être de meilleures personnes. Il nous permet ainsi de travailler notre foi mais il faut se donner le temps. C’est cette fameuse désillusion ! On avait une image de l’autre, mais il faut se dire que, l’un et l’autre, ce ne sont pas des versions accomplies, finies. La première année de mariage, vous allez arriver à la version 1.0.
La phase « lune de miel » La phase lune de miel peut aussi être vécue avant le mariage, durant la phase où les familles se rencontrent, etc.La phase de séduction, avec les règles de la pudeur, vient créer des choses tellement douces et agréables que ça remplit la fameuse « banque d’amour ».
Plus tard, quand ça n’ira pas, vous repenserez à ces moments-là. Si vous avez déjà réussi à le vivre, alors vous pouvez le revivre. C’est en cela que c’est important de s’autoriser à vivre la lune de miel.
Certains couples vont la vivre quelques semaines, et d’autres presque un an. Elle peut durer encore dans le temps si elle est entretenue, et que les deux ont déposé leurs armes. Ça demande un vrai effort, une vraie remise question et prise de conscience. En effet, il faut se responsabiliser, et se demander ce que l’on peut faire pour rendre la chose plus mielleuse.
La phase de désillusion Bien évidemment, la désillusion va venir avec la routine, le quotidien. À nous d’avoir des rituels sains. Nous ne sommes pas que des époux. Il y a un homme et une femme. Ils ne doivent pas mettre leur vie individuelle de côté pour s’investir uniquement dans le couple.
Chacun ne doit pas oublier :
sa famille, ses amis, ses moments rien qu’à lui/elle, etc. C’est très important d’avoir ces moments-là pour :
se ressourcer bien se retrouver Dans la phase de désillusion, si l’homme et la femme ont pris soin d’eux individuellement, ils vont se retrouver sans rendre exclusivement responsable l’autre de son bien-être.
Comprendre cela permet de décharger l’autre de ce qui ne lui appartient pas. Parfois on entend « c’est ma vie, c’est ma raison de vivre », etc. Non, on a d’autres objectifs de vie, on est croyants et notre objectif est d’être dans l’adoration. Ça passera toujours avant le reste.
Il faut aussi avoir en tête qu’il y aura des moments moins chouettes que d’autres et des moments de disputes. Vous allez découvrir des facettes de l’autre qui vont vous donner mal à la tête, et c’est normal ! Bienvenue dans la vraie vie ! Mais, il faut se dire qu’à côté, il y a des choses belles, des choses qui vont bien. Ceci nécessite :
d’avoir des rendez-vous amoureux, de prendre du temps pour soi, de nourrir son couple. Quand on pense aux couples qui vont bien, on a cette idée qu’ils sont tout le temps au restaurant, qu’ils s’offrent des cadeaux tous les jours, qu’ils se tiennent la main tout le temps… C’est assez décuplé avec les réseaux sociaux, mais tout ça, c’est du bluff.
Cependant, c’est possible dans une certaine mesure de kiffer quotidiennement. Ça demande un effort.
La phase de construction du couple Quand la désillusion est accueillie et comprise, qu’on a tout mis à plat et qu’on a trouvé des solutions, on se retrouve alors dans la construction du couple. Un couple qui a envie d’avancer et de cheminer ensemble vers Dieu. Et là, on goûte au sakina ultime.
Il y a des couples qui restent très longtemps dans la phase de désillusion, parfois toute leur vie. En consultation, on voit des couples qui sont ensemble depuis 20-30 ans, mais sans le vouloir, ils sont restés à cette étape du couple.
À l’inverse, certains couples vont avoir 6 mois de lune de miel, puis désillusion durant quelques mois, parfois un temps très court en fonction de leur maturité, et très vite ils entrent dans la phase de construction.
Ça demande de la maturité et d’être dans la réforme personnelle. Pour cela, il faut impérativement être dans une réforme spirituelle également.
Tout ça me rappelle la parole d’une proche qui disait : le fait de prendre souvent des moments à deux, de se créer des rituels, c’est comme se créer des moments pour pouvoir voir le maximum de qualités chez l’autre. C’est se rappeler les qualités de l’autre. Dans ces moments-là, on voit moins les défauts.
On arrive ensuite à une phase où l’on a tellement travaillé pour mettre en avant les qualités de l’autre, que finalement ça arrive à un niveau où les défauts de la personne deviennent mignons. Ils sont tellement concentrés sur les qualités qu’au final, les défauts n’ont pas eu de place pour s’exprimer.
Par contre, quand on n’est pas qawwam, ni saliha, les qualités ne sont alors pas assez mises en lumière. Ainsi, le défaut qui est insignifiant en temps normal devient un calvaire et ça fait de l’autre un monstre !
On entend souvent en thérapie le reproche qui est fait à l’autre de ne pas être considéré à sa juste valeur, de ne pas avoir suffisamment de place, de ne pas être désiré, etc. J’aime beaucoup dire que pour être admiré il faut être admirable. Pour être désiré, il faut être désirable. Qu’est-ce que tu fais pour faire naitre de l’admiration chez l’autre ? C’est une vraie question de responsabilité. C’est toujours plus facile de se dire que c’est à l’autre de changer. Mais c’est toi, en tant qu’individu, qui a pris la responsabilité de te marier. Qu’est-ce que tu fais pour que l’autre puisse avoir envie de te retrouver ? Quand on arrive à ce niveau-là, on est vraiment dans le « zawj ».
Quand on écoute tout ça, on se dit que c’est logique, que ça coule de source. Pourtant, il y a encore trop de couples pour qui ce n’est pas évident. Je pense que ça peut en partie s’expliquer par le fait que l’on n’en parle pas assez. Le mariage c’est un des sujets les plus abordés, et pourtant, suite aux différents épisodes que j’ai pu faire, j’ai beaucoup de retours de personnes me disant qu’elles n’avaient jamais entendu parler du mariage de cette manière.
Les parents, le premier exemple de couple Les parents aussi ont une responsabilité. Quel couple d’amoureux sont-ils ? Comment se comportent-ils devant leurs enfants ?
Les enfants ont besoin de voir ce qu’est un couple sain, proche, amoureux. Il y a des personnes qui ne savent absolument pas quoi faire pendant un conflit, car ils n’ont jamais vu leurs parents se prendre la tête. Ce sont des parents qui pensent bien faire, nous ne sommes pas là pour juger les intentions, bien loin de là. Ils se disputent en cachette, à l’abri du regard de leurs enfants, mais au final ils n’ont jamais appris à leurs enfants à régler un conflit et comment le désamorcer.
Les enfants doivent voir les désaccords de leurs parents. On ne parle pas ici de gros conflits, on peut tout de même hausser le ton. Ensuite, l’un ou l’autre peut s’excuser, même rigoler, et la situation va se désamorcer. Les enfants comprennent alors qu’on peut ne pas être d’accord, mais ça reste dans le respect.
Au contraire, il y a des enfants qui voient la dispute, mais qui ne voient jamais la réconciliation ! Ils revoient les parents le lendemain en s’étonnant du changement.
Ainsi, la manière de gérer le conflit, de négocier avec l’époux/l’épouse va former les enfants dans leur future relation maritale.
La formation « Le trousseau intime des mariés » On pense que l’intimité et la sexualité sont des sujets tabous ou interdits, alors qu’on prie avec des versets qui évoquent ces sujets.
Ces tabous ont créé énormément de difficultés au sein des couples mariés. Je suis toujours étonnée du nombre de couples qui viennent en consultation et qui ont des difficultés d’ordre intime, sexuel, et qui ne connaissent pas le b.a.-ba en sexologie.
Comme je le dis souvent, tu ne montes pas dans une voiture si tu n’as pas suivi ni la théorie ni les heures de conduite. Ici, on dit aux gens de se préserver jusqu’au mariage, ce qui est très bien, mais on n’explique pas la suite.
Il faut connaître son corps, savoir comment ça se passe, connaître le corps de l’autre, et surtout ne pas surestimer « la nuit de noces ». On ne peut pas demander à quelqu’un qui s’est préservé de se retrouver quelques heures après la cérémonie de mariage, dans un état de nudité totale face à quelqu’un qu’elle connait à peine.
Ça peut créer des blocages et à terme des conflits. Être en disharmonie sexuelle, dans un inconfort intime, ça va créer des tensions, ça va vite amener la désillusion pour le coup !
L’idée de cette formation c’était donc de donner un concentré de connaissances en matière d’intimité. Le tout en respectant toujours la bienséance et les règles de pudeur dans les explications, avec tout un bagage scientifique dans l’anatomie, de physiologie, etc. Nous évoquons aussi quelles sont les difficultés que les couples peuvent rencontrer, et mes préconisations pour que leur vie intime se passe de la manière la plus épanouissante possible.
Les derniers conseils pour partir du bon pied dans le mariage Lancez-vous Faites-vous confiance, faites confiance à l’autre, mais surtout à Allah ﷻ avant tout.
Donnez-vous du temps Acceptez de voyager ensemble, de grandir ensemble. Dites-vous que c’est par l’expérience et le fait de traverser toutes ces étapes-là, que vous allez vous compléter de la plus belle des manières au fil du temps.
C’est ainsi que s’achève cet épisode sur le fait de savoir comment partir du bon pied dans le mariage. Nous espérons qu’il vous a plu. N’hésitez pas à nous dire dans les commentaires si ce sont des conseils que vous auriez aimé entendre avant de vous marier. Si vous n’êtes pas encore marié(e), est-ce que ces conseils vous rassurent ? Si la thématique du mariage vous intéresse, n’hésitez pas à consulter les autres sujets traités dans les épisodes précédents.